Publié le 17 janvier 2023 à 17:00
Modifié le 17 janvier 2023
Kamil Pascal
Une alimentation saine pas toujours accessible
Selon l’OMS, les taux d’obésité dans le monde ont presque triplé depuis 1975. 39% des adultes sont en surpoids et 13% sont obèses. Lire aussi : L’Ecole Ducasse et Globeducate s’associent pour créer des compétences en gastronomie dès le plus jeune âge – TendanceHotellerie. Les aliments ultra-transformés sont fortement liés au risque d’obésité, de maladies cardiaques et même de santé mentale. Mais tout le monde n’a pas accès à une alimentation saine.
Y a-t-il un accès facile à une alimentation saine ? En novembre 2022, des scientifiques ont publié une nouvelle étude dans le Journal of the American Heart Association. Ce dernier a également montré que les populations ayant le moins accès à des produits sains avaient un taux de mortalité par insuffisance cardiaque plus élevé que les autres. « Cette étude confirme ce que nous savions déjà. Les populations les plus précaires n’ont pas accès à une alimentation de bonne qualité. Cela aggrave la maladie », explique la Dre Mélissa Mialon, chercheuse en nutrition. Il poursuit, « notre statut socio-économique, comme l’environnement dans lequel nous grandissons, détermine si nous tombons malades ou non ».
« En France, on nous dit ‘ne mange pas trop, ne mange pas trop sucré, ne mange pas trop salé, bouge pas’. Ceci est un message très simplifié. La plupart des gens n’ont pas d’autre choix que de manger comme ça » – note le chercheur. L’accès à la malbouffe est plus facile. Il vous permet de suivre plus rapidement que dans le cas d’une nourriture de meilleure qualité. Les personnes les moins aisées se tournent vers les « calories vides ». Ce sont des calories qui contiennent peu ou pas de nutriments et de micronutriments tels que des vitamines ou des minéraux. Et par nécessité.
Un manque de données lié à une individualisation de la nutrition
« Les plus précaires n’ont pas forcément le temps de se soucier de la qualité de ce qu’ils mangent. Ils font avec ce qu’ils ont, avec l’argent qu’ils ont et avec les entreprises qui sont autour », ajoute Mélissa Mialon. Et cela affecte inévitablement la qualité de leur vie. Ceci pourrez vous intéresser : Rentrée scolaire : la Cuisine des Saveurs prépare 2 900 repas pour sept communes de l’agglomération de Nevers. Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, « à partir de 6 ans, les enfants de salariés ont 4 fois plus de risques d’être obèses que les enfants de dirigeants. 16 % sont en surpoids et 6 % sont obèses, contre respectivement 7 % et 1 % pour les enfants de directeurs.
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En France, sociologues et nutritionnistes sont convaincus que la responsabilité d’une bonne nutrition, et donc de la santé, repose sur les épaules des individus. Cela conduit à l’omission de l’ensemble du département de recherche. Les scientifiques français, comme le gouvernement, manquent cruellement de données sur l’environnement alimentaire des Français. Contrairement aux États-Unis, où nous avons très bien cartographié les déserts alimentaires. Ce sont des espaces où les résidents ne peuvent pas se procurer des aliments sains à des prix abordables.
En revanche, en France, les données n’existent pas. Et sans données, comment prendre des mesures pour limiter l’impact sur les populations ? « En France, on ne sait pas où sont les déserts alimentaires. On ne peut donc pas savoir s’il y a des inégalités. Nous sommes très concentrés sur la nutrition personnelle, découvrant le lien entre le gène et l’obésité. Mais rien n’est fait au niveau de la population, les territoires ne sont pas comparés », déplore le médecin.
Une manne pour les industriels
La malbouffe est souvent moins chère pour les personnes à faible revenu. Lire aussi : Oraison : La « cuisine fast food » illumine l’espace kiosque cet été. Crédits : Pixabay.
Le marketing au centre des discussions, mais pas pour une alimentation saine
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C’est dans ces déserts alimentaires, principalement dans les quartiers pauvres, que les producteurs agroalimentaires concentrent leurs efforts de commercialisation. « Cibler ces quartiers permettra aux fabricants de vendre leurs produits. En effet, ils ne sont pas chers et se font plaisir. Ils remplacent les aliments sains. Au lieu de faire de la publicité sur des panneaux publicitaires, le sponsoring sportif ou de vacances semble plus inoffensif, mais en fait c’est beaucoup plus efficace », soupire Mélissa Mialon. On a ainsi vu Kinder sponsoriser des camps d’été pour enfants défavorisés, McDonald’s financer des activités sportives pour le même public, et Coca-Cola proposer un programme de « lien social dans les quartiers prioritaires » comme indiqué sur leur site. Cela ne fait que renforcer la présence de la malbouffe dans les quartiers défavorisés.