Le navire humanitaire doit accoster à Toulon vendredi. Dans un état « grave », trois passagers et un accompagnateur ont été soignés à l’hôpital de Bastia.
L’Ocean Viking va enfin accoster en France. Après plusieurs jours de bras de fer entre Paris et Rome, l’annonce a été officialisée jeudi par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à l’issue du Conseil des ministres. Le bateau humanitaire, transportant encore 231 migrants secourus au large de la Libye il y a une vingtaine de jours, trouvera refuge vendredi dans le port de Toulon. Le locataire de la place Beauvau a indiqué qu' »un tiers » des passagers seraient relocalisés.
La situation reste très critique. A midi, trois migrants et une escorte de l’organisation non gouvernementale (ONG) SOS Méditerranée, qui avait affrété ce navire, ont été évacués en urgence vers le centre hospitalier de Bastia (Haute-Corse) alors que le cargo était au large des côtes corses. Dans un état « grave », selon l’ONG, les réfugiés ont été récupérés par un hélicoptère Puma depuis la base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara avec une équipe médicale à bord. Cette opération a été menée par la Préfecture Maritime de la Méditerranée sous l’égide du Secrétariat Général de la Mer. Les deux autres ont subi des blessures en Libye, qui risquent d’avoir des conséquences négatives à long terme en raison du long délai de traitement. »
Une unité médico-psychologique a été activée dans le centre de Bastia, selon une source hospitalière au Point. Cependant, les autorités ont refusé de commenter l’état de santé des migrants pris en charge par les services d’urgence. Mardi soir, le président du Conseil exécutif de l’île, Autonome Gilles Simeoni, avait proposé l’aide de la Corse en proposant de mettre à disposition l’un de ses ports et d’apporter une aide humanitaire aux 234 passagers.
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Cette annonce est intervenue alors que le navire se trouvait dans le sud de la Sicile et se dirigeait vers la France pour demander de l’aide après avoir été refusé par les autorités italiennes. Paris a alors dénoncé le « comportement inacceptable de l’Italie, qui viole le droit de la mer et l’esprit de solidarité européenne ». « On ne peut pas détourner le regard quand des gens sont dans le besoin à quelques kilomètres de nos côtes », explique Gilles Simeoni du Point. Une aide d’urgence est aujourd’hui nécessaire, malgré les difficultés d’application des règles et le jeu diplomatique qui ne doit pas se jouer au détriment de la vie humaine. La Corse fait sa part et poursuit sa tradition d’accueil. La Méditerranée devenant un cimetière, il est urgent que les États membres de l’UE s’entendent face à cette crise migratoire en agissant conformément à leurs principes. »
Le précédent de 2018
Cette position n’est pas anodine. Voir l’article : « IPA d’urgence » : l’APH sanctionne un projet de médecine « low-cost » et dénonce un déni de dialogue social. Alors que des négociations sont en cours avec l’Etat sur l’avenir institutionnel de l’île, notamment la capacité à légiférer de manière autonome, les nationalistes entendent réaffirmer leur capacité de décision autonome, même si l’accueil des migrants ne relève pas des prérogatives de la Corse. communauté.
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Cette crise leur a aussi donné l’occasion de se différencier des autres nationalistes européens en revendiquant une image « progressiste ». Un cas similaire s’est produit sur l’île en juin 2018 avec le navire Aquarius et ses 629 migrants. Le gouvernement italien a alors interdit au bateau, propriété de la même ONG, SOS Méditerranée, d’entrer dans tous les ports italiens. Alors que la France avait également refusé, Gilles Simeoni lui avait proposé de l’accueillir avant que la cargaison humanitaire ne soit contrainte de rejoindre le port espagnol de Valence pour se réfugier.
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