Oise : L’ancien président du conseil départemental a-t-il acheté sa voiture de fonction au rabais ?

Written By Sara Rosso

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Yves Rome, président socialiste du Département pendant 11 ans, a profité de sa situation pour obtenir une remise à l’achat d’un véhicule du parc départemental ? C’est en tout cas pour « prise illégale d’intérêts entre janvier et mars 2015 » que cet ancien député et ancien sénateur a été jugé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Beauvais.

Nous sommes au début de l’année 2015 et Yves Rome sent le spectre de la défaite électorale. Avant son retour à la vie civile, il aimerait acquérir la Peugeot 508 haut de gamme attribuée au cabinet présidentiel. « Je connaissais la voiture même si je n’étais pas le seul à l’utiliser », explique-t-il au volant.

Le conseil général, devenu depuis conseil départemental, ne peut pas vendre directement un véhicule à l’un de ses salariés, un garagiste va donc acquérir le véhicule pour le revendre. Le concessionnaire Citroën de Beauvais réalise l’opération « pour servir un bon client ».

Achetée 16 000 et revendue… 16 000 deux ans plus tard

Le véhicule, avec 7914 km au compteur, acheté neuf 42 171 euros en 2013, a été acquis au garage pour 15 920 euros et revendu à Yves Rome pour 16 000 euros. Lire aussi : La voiture électrique : l’inquiétude fondée de Charlie Hebdo dans son propre dossier. Yves Rome revendra ce même véhicule deux ans plus tard au prix de… 16 000 euros.

Le 23 février 2015, la Chambre régionale des comptes rédige un procès-verbal et dénonce le prix payé « nettement en dessous du prix Argus estimait le véhicule à 25 000 euros ».

« J’ai été stupéfait quand j’ai pris connaissance de ce rapport, assure l’ancien président à l’audience. J’ai proposé de verser une somme de quelques milliers d’euros en rattrapage mais mon ancien directeur général des services m’a dit que je n’avais pas à le faire. Pour lui, le véhicule était acquis au prix de la valeur nette comptable. J’ai suivi son conseil. »

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Un arrangement avec un garage de Beauvais

Le parquet est arrêté et les différents protagonistes de l’affaire sont interrogés. Sur le même sujet : La BMW R100 GS la plus chère du monde. Le patron du garage de Beauvais commence par dire « qu’il a lui-même fixé le prix d’achat » avant de reconnaître qu’il a procédé à une « vente inversée où le prix et l’acheteur » étaient connus en amont.

Qui fixe le prix et les conditions de vente ? Au sein de la collectivité, tout le monde passe l’argent mais tous affirment qu’« ils n’ont subi aucune pression de la part du président du département ». Yves Rome, jouant la carte de l’ignorance.

« En raison de ma carrière et de celle de mon épouse (son ex-femme, Isabelle Lonvis-Rome, magistrate et actuelle ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes), je n’allais pas prendre plaisir à jouer sur le prix d’achat d’une voiture », il a dit.

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« J’ai manqué de vigilance » défend l’ancien élu

Malgré tout, « je regrette de ne pas être allé consulter la cote Argus aujourd’hui, assure-t-il. Mais j’étais désemparé et ignorais totalement le protocole de transfert d’un véhicule. Lire aussi : Croissance du marché des produits d’entretien automobile 2022, part, types de produits et applications, principaux acteurs clés avec ventes, prix, aperçu des activités, analyse SWOT 2030 – Androidfun.com. Je n’avais aucune vigilance. »

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Pour le procureur, les explications sont insuffisantes. « La prise illégale d’intérêts peut être directe ou indirecte », explique-t-elle. Yves Rome n’a pas participé à l’opération mais tout a été fait par ses proches pour l’aider, comme en témoigne l’opacité de l’opération. »

Le magistrat n’y va pas avec quatre voies. « En tant que président de la collectivité j’étais le garant des deniers publics, mais cet achat se fait aux frais de la collectivité car un véhicule récent sort du parc pour un prix inférieur à sa valeur, affirme-t-il. Lorsque vous achetez un véhicule, vous vous intéressez au prix d’achat. On peut aussi se demander quand un véhicule haut de gamme sera vendu à ce prix, sauf s’il est au sol. »

Rappelant « le devoir exemplaire des élus », le procureur a requis une « amende pénale de 2000 euros ». Sans surprise, la défense a demandé une caution, arguant qu’à l’époque son client était « prêt à payer un supplément pour ne pas ternir son image d’homme politique honnête ». Sous avis, la sentence sera prononcée le 15 décembre.

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