SAINT-AIGNAN-GRANDLIEU : « Il existe une alternative crédible au transfert de l’aéroport. Cette solution est le renouvellement de Nantes-Atlantique. C’est par ces mots qu’Edouard Philippe a annoncé, le 17 janvier 2018, l’abandon du projet Notre-Dame-des-Landes.
Mais cinq ans plus tard, la situation à l’aéroport de Nantes n’a guère changé.
« Il y a encore de la colère enfouie, c’est clair. Il y a même de la douleur. Elle s’est estompée plus ou moins selon l’endroit où l’on habite, la façon dont on voit les choses », assure Jean-Claude Lemasson, maire de Saint-Aignan-Grandlieu, où le les villageois ont construit sa vie en pensant que l’aéroport voisin déménagerait.
Dans cette commune, et dans les communes voisines, les riverains de l’aéroport se souviennent de la surprise lorsque le premier ministre de l’époque déclara : « les conditions ne sont pas réunies pour réaliser le projet d’aéroport envisagé ». à Notre-Dame-des-Landes pendant la mi-temps. un siècle
Sur l’ancienne « Zad », où cet « aéroport du Grand Ouest » devrait voir le jour, la situation est plutôt apaisée et plusieurs anciens militants anti-aéroport sont désormais légalement à la tête de fermes.
En revanche, autour de Nantes-Atlantique, les riverains subissent les désagréments d’avions de plus en plus nombreux. A l’exception notable des périodes de confinement, durant lesquelles le trafic aérien a été très ralenti.
« Ça nous a fait nous amuser, on pouvait vivre dehors en paix », se souvient Jean-Claude Lemasson. « C’était un moment assez délicieux, dans le sens où on entendait à nouveau le chant des oiseaux ! »
Le changement le plus concret intervenu à Nantes-Atlantique ces dernières années est l’instauration d’un couvre-feu, valable depuis le printemps, qui interdit aux avions d’atterrir ou de décoller entre minuit et 06h00.
« C’est un engagement lourd qui a été pris pour les populations riveraines de Nantes-Atlantique, qui sont assez nombreuses, et qui pendant des décennies ont cru que l’aéroport partirait pour Notre-Dame-des-Landes », explique le préfet de la Loire- Atlantique, Didier Martin.
Le couvre-feu est « une mesure qu’on a dû jouer au bras de fer » et « qui n’est pas respectée », rétorque Julie Laernoes, déléguée EELV de la 4e circonscription de Loire-Atlantique, où vivent les populations déplacées.
En effet, entre le 8 avril et « le 30 novembre 2022, il y a eu 299 vols opérés pendant le couvre-feu (…) même si la plupart des infractions ont été constatées dans les premiers mois », détaille Didier Martin, indiquant que la situation devrait s’améliorer. . .
Le couvre-feu, rappelle-t-il, fait partie des 31 mesures sur lesquelles l’État s’est engagé après une consultation conclue à l’automne 2019.
On retrouve parmi ses mesures, des aides à l’insonorisation des logements, ou encore « la création (…) de ce qu’on appelle le +droit au départ+, qui n’existe nulle part ailleurs, c’est-à-dire l’option pour l’Etat ». pour acheter les maisons des populations les plus exposées aux désagréments », souligne M. Martin.
Le préfet indique avoir ainsi procédé au premier achat de ce type en décembre 2021, tout en précisant que seuls 54 logements « ont été identifiés comme répondant aux critères prévus » pour pouvoir bénéficier du droit d’abandon.
« Pour moi vraiment, c’est incompréhensible que l’Etat se désintéresse (de Nantes-Atlantique) en ce moment. Je pense qu’ils ont opté pour Notre-Dame-des-Landes et puis, ils se sont plus fichés de Nantes-Atlantique (. ..) Ils se moquent de tout, il y a de l’opacité, ils ne travaillent pas avec les élus ou les acteurs du territoire », tempête Julie Laernoes.
L’un des points de friction est le renouvellement du contrat de concession. Des élus et des associations comme la Coceta (Collection des citoyens exposés au trafic aérien) se plaignent de ne pas disposer d’informations sur le calendrier de sélection du futur concessionnaire, qui investira concrètement pour rénover l’aéroport.
« La piste de l’aéroport est à 6 km de la place du Commerce (l’hypercentre de Nantes, ndlr). Donc, mécaniquement, on a beau tourner le problème dans tous les sens, il faudra forcément en être conscient », insiste en particulier le président de Coceta, Paolo Ferreira.