La réouverture du Théâtre Monsigny, véritable balcon sur la ville, est l’occasion de se plonger dans l’histoire de ce lieu emblématique de la culture boulonnaise.
L’ACTIVITÉ THÉÂTRALE AVANT 1860
LA COMÉDIE DE 1772
La première salle de spectacle a été ouverte en 1772. Voir l’article : Protection des consommateurs: le Conseil adopte sa position sur de nouvelles règles en matière de crédit à la consommation. Il est situé rue de l’Ancienne Comédie, dans la ville basse, là où se trouvaient autrefois les lieux de spectacles.
La Comédie est un établissement privé appartenant à Philippe Barret, qui loue également des calèches. La salle est équipée dans le cadre de son activité commerciale d’une capacité de 500 places. Véritable salle polyvalente, bals, banquets, concerts, tragédies ou spectacles de magie s’y déroulent depuis plus de 50 ans.
LE THÉÂTRE MUNICIPAL DE 1827
Sous l’Empire, les projets de nouveaux théâtres ne portent pas leurs fruits. A voir aussi : Wall Street clôture dans le vert, le secteur de l’énergie profite du…. Consciente de l’intérêt d’un tel équipement dans le cadre de l’émergence d’une station balnéaire (les premiers bains de mer sont ouverts en 1825), la municipalité engage finalement une entreprise pour construire un théâtre public.
Le terrain de l’ancien couvent des Cordeliers situé en centre-ville représente une position stratégique dans un secteur vivant et commerçant. Situé en perspective de la nouvelle rue Monsigny, le théâtre est aujourd’hui un monument construit pour lui-même. Basé sur les plans de l’architecte de la Colonne de la Grande Armée, Eloi Labarre, le théâtre, ouvert en 1827, présente plusieurs lacunes. Il a été détruit par un incendie en 1854.
En attendant la reconstruction du nouvel établissement public, une salle provisoire est aménagée place Navarin, dans laquelle le comédien boulonnais Constant Coquelin, premier interprète de Cyran de Bergerac dans la pièce d’Edmond Rostand, fait ses débuts.
Façade de 1955 / Théâtre 1860, lithographie d’Asselineau, vers 1860. Bibli. Mun. de B/Sr. © X. Nicostrate
THÉÂTRE À L’ITALIENNE
A Boulogne-sur-Mer, la formule retenue pour la reconstruction du théâtre est celle du théâtre « à l’italienne », développé au XVIIe siècle et perdurant jusqu’au XIXe siècle ; met en œuvre deux conceptions complémentaires de scène et de salle. Sur le même sujet : 5G : Huawei France annonce la construction de son usine comme…. La scène est définie par l’Italien Nicolas Sabbatini (1574-1654), à qui l’on doit le sol en pente, la coexistence de deux types de décor (l’un fixe, l’autre variable), et surtout le développement d’une machinerie, dont les mécanismes ci-dessus et sous la scène restent invisibles pour le spectateur.
La salle est l’espace du théâtre d’opéra public apparu à Venise au XVIIe siècle, lors de la création du grand opéra. Ce nouveau genre musical, ouvert à tous et payant, est une entreprise commerciale : outre l’accueil du maximum de spectateurs, qui doivent bien voir et bien entendre, il y a aussi une différence entre les classes sociales. Ainsi, le rez-de-chaussée est réservé à la classe ouvrière, et les rangées de loges sont réservées aux classes aisées.
A noter qu’au modèle italien d’une salle cylindrique, où les rangées de caissons s’empilent les unes contre les autres, comme des cellules, la France a préféré leur retrait successif, et a cherché à établir leur liaison harmonieuse avec le plafond et la charpente de la organiser. Le succès de la formule se mesure aux nombreuses constructions de ce type qui ont écrit l’histoire du lieu au XVIIIe siècle. Elle est marquée par la construction de modèles célèbres, dont les théâtres de Lyon (1753), Besançon (1775) et Bordeaux (1782), le Théâtre français (Odéon) à Paris (1778), etc. Réalisation tardive, salle Boulogne-sur
-Mer s’inscrit dans la lignée de ces théâtres « à l’italienne », dont la région a connu plusieurs exemples dès le XVIIIe siècle. Ceux de Douai et de Saint-Omer sont arrivés dans l’État alors que l’État d’Arras se transformait ; ceux de Lille, Cambrai et Valenciennes ont disparu.
Scène du théâtre Monsigny, Conseil régional Nord Pas de Calais © Ph Davril (Inventaire du patrimoine culturel). / Façade de 1945
DESTIN MOUVEMENTÉ
LE THÉÂTRE MONSIGNY
Le plan de l’édifice a été dessiné par l’architecte de la ville Albert Debayser, qui a également conçu le casino, le bâtiment des douanes et les églises Saint-Pierre et Saint-Vincent-de-Paul. Pour la façade, elle s’inspire de l’architecture Renaissance du XVIe siècle, modèle courant à cette époque. Il a été officiellement inauguré le 2 juin 1860. A cette époque, il comptait 1042 sièges.
Après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la façade a été endommagée. Il a été restauré en 1955. Sa nouvelle composition aux lignes sobres et épurées s’inscrit dans le quartier contemporain qui se développe à l’époque, puis en 1992 la façade et le hall sont repensés pour une meilleure intégration au projet urbain. La salle et la scène, moins exposées aux vicissitudes de la guerre, ont conservé de nombreux éléments du théâtre de 1860, mais un incendie en 1964 a endommagé les lieux. Cette dernière entraîne la disparition de la décoration du plafond de la chambre. De 1967 à 1968, la cage du stade* est entièrement rénovée. A ce jour, la salle présente sa composition initiale en fer à cheval avec son parterre et ses galeries, ainsi qu’une grande partie du décor d’origine. La scène conserve les principes de la machinerie théâtrale à l’italienne, notamment avec la scène inclinée.
LA SALLE ET LA SCÈNE : STRUCTURE ET ARCHITECTURE
La salle en forme de fer à cheval permet au public de se tourner vers la scène, mais aussi vers les autres spectateurs. Il est entouré de couloirs étroits qui assurent une circulation interne et un dégagement rapide et s’ouvre sur chaque niveau de balcon. Quatre niveaux (galeries) accueillent les spectateurs : 1ère rangée de balcons ou corbeille d’orchestre et loges, les deux niveaux suivants sont constitués de sièges, enfin le dernier niveau, la 4ème galerie, que l’on appelle le poulailler ou le paradis.
Le plafond est un dôme aplati; sa structure métallique repose sur quatre arcs. En son centre, un grand lustre montgolfière 1⁄2 à franges, palmettes et cristaux frangés date de l’époque gazeuse. La rosace permet une maniabilité, grâce à un système de câbles et de treuils pour l’entretien.
Le mobilier se compose de fauteuils à strapontins, de sièges individuels fixes ou mobiles, et de banquettes en bois brut sur le balcon arrière. Des sièges rabattables sont également fixés.
La fosse d’orchestre sépare la salle de la scène, l’espace sous lequel sont placés les musiciens lors d’opéras ou d’opérettes. Il est équipé d’une plate-forme élévatrice pour étendre la scène (avant-scène).
Le rideau Parflame (rideau de fer) protège et isole la salle de la scène en cas d’incendie. La cage scénique* est un immense volume séparé, partiellement caché au public par la charpente de la scène. La scène a conservé son plancher composé de grilles amovibles pour les rues et demi-rues ou fausses rues qui permettent des apparitions ou des disparitions.
Une machine spécifique appelée perche à contrepoids permet de changer de décor. Ce sont les éléments visibles d’un ensemble plus complexe, la machinerie, située dans la cage de la scène. Tous les éléments d’origine de la cage – dessus ou ciel (poteaux ou supports*, cintres*, gants*, fils*, etc.) – ont été conservés. De même, en dessous de la scène demeure le seul étage inférieur*, de faible hauteur. Les bordures*, nécessaires au déplacement des kits mobiles, sont toujours là. Une excellente acoustique est assurée par la charpente en bois, conformément aux contrats du XVIIIe siècle.
DES AMÉNAGEMENTS RÉGULIERS
Le théâtre fait l’objet d’un travail et d’un développement constants, liés à l’usure, mais aussi à l’adaptation à la modernité et aux normes de sécurité. La peur du feu et sa prévention sont une préoccupation constante. L’électricité a remplacé le gaz pour l’éclairage en 1910. Lustre,
La rampe, les coulisses et les couloirs du théâtre en sont équipés. »La vivacité et la stabilité de la lumière, le peu de chaleur qu’elle dégage, l’absence de fumée en font des atouts très sensibles », disait-on à l’époque. D’importants travaux ont été créés notamment sur la façade, notamment en 1955 après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le bloc de façade a été rénové selon les plans de l’architecte Marcel Bonhomme. En réalité, le chantier a été principalement motivé par la volonté d’harmoniser cette partie du théâtre avec la nouvelle esthétique du quartier rénové, qui témoigne du goût de la modernité d’après-guerre.
Foyer 1955 / Scène actuelle avec sa machinerie / Façade actuelle Kabinet Simon et Capucine, Agence Construire, perspective 3D.
LE RENOUVEAU DU THÉÂTRE
LE CHANTIER DE 2021-2023
Le projet, proposé par le cabinet d’architecture « Simon et Capucine », vise à redistribuer les espaces d’accueil du public pour offrir une circulation plus fluide et sécurisée, un foyer plus généreux et une bonne taille de répétition.
Pour y parvenir, il est proposé de supprimer l’auvent/fumoir existant devant le théâtre et de le remplacer par une structure légère en bois, formant un auvent au rez-de-chaussée et permettant, à l’étage, un prolongement clair du foyer et du studio. surface. Cette structure se prolonge latéralement et enveloppe le théâtre d’un ensemble de balcons et de coursives qui véhiculent une certaine circulation vers l’extérieur qui a enfoui les espaces intérieurs.
Ces nouveaux aménagements sont à la fois un outil (circulations et services d’urgence), une finalité (balcons, coursives, extension du vestibule et des salles de répétition) et un projet artistique à travers la composition d’une nouvelle peau en maille de bois, de planches de bardage peint aux couleurs rouge et or de la salle de théâtre et un nouveau pignon qui résonne avec celui de ses ancêtres avant les destructions de la guerre.
Ces structures extérieures, comme des balcons sur la ville, ouvrent généreusement l’espace du théâtre, lui conférant une façade peuplée et animée qui révèle son activité intérieure. Ils offrent aux Boulonnais de nouveaux points de vue sur le quartier et font du Théâtre Monsigny un outil de reconquête du cœur de ville.
Ils permettent d’entrevoir la réouverture de certains escaliers fermés et la disparition de certains autres, tout en offrant des espaces libres pour l’installation d’un ascenseur ici, de sanitaires là ou encore d’un arrière bar et caisse. .
A l’intérieur de l’auditorium, les galeries et le sol ont été fortement modifiés pour redonner confort et visibilité à certaines loges et restituer l’unité visuelle des fauteuils.
UN THÉÂTRE OUVERT SUR LA VILLE
Avec trois nouveaux espaces, le Théâtre Monsigny d’aujourd’hui est une invitation au partage, à l’échange, aux rencontres informelles et artistiques. De la grande salle à l’atelier en passant par le foyer public, le spectateur sera guidé pour vivre le théâtre à son rythme à travers une pièce de théâtre, un concert, une rencontre littéraire ou une conférence musicale, mais aussi une conversation autour d’un thé ou d’un café avec les artistes. en résidence. Repenser le lieu culturel d’aujourd’hui comme le Théâtre, c’est d’abord penser la relation au public, c’est prendre en compte la part active du spectateur, créer avec lui un espace qui lui est dédié.
Lieu de vie et de création, le Théâtre Monsigny devient, dès sa réouverture en février 2023, un lieu de production théâtrale et d’aventure artistique, ouvrant ses portes à la danse, à la musique classique et électro, théâtre accueillant des compagnies de toute la France. Autant de propositions à découvrir qui font de ce théâtre un théâtre vivant, en mouvement, ouvert sur la ville et partagé par tous.
Offrir présence, accueil, transmission, étourdissement, échange, partage, telles sont les ambitions du nouveau Théâtre Monsigny.
Assise actuelle / Plafond à l’italienne et son lustre © Service communication Ville de Boulogne-sur-Mer
Glossaire
Ou support, un tube métallique servant à accrocher des projecteurs, des décors.
La partie supérieure de la cage de scène qui abrite tous les fils, poteaux ou supports.
Un ensemble composé d’un plateau toute hauteur. Il se termine par un grill, 9. machines, protection incendie, côté bas, coulisses.
Les étages inférieurs sont situés sous la scène.
Une série d’ouvertures amovibles entre deux costières.
Une fente dans le sol de la scène destinée à recevoir des racks pour les décors.
Construction sur roulettes qui permet le déplacement sur le rail du mât auquel est fixée la décoration.