Pedro Almodóvar, l’ermite entre douleur et gloire | Ardoise.com

Written By Sara Rosso

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Dans son dernier film – Douleur et gloire – Pedro Almodóvar nous ouvre grand la porte. Officiellement, l’immense appartement madrilène aux murs tapissés de livres dans lequel se déroule le film appartient à son personnage, Salvador Mallo… Mais pas besoin d’être spécialiste du travail d’artisan pour comprendre qu’il s’agit d’un alter ego . Mallo partage tout avec son créateur : une barbe blanche, des cheveux en désordre, un passé provocateur et un goût pour la solitude.

Il est joué par Antonio Banderas, un vieux complice de l’époque Movid, qui utilise toute sa connaissance d’Almodóvar pour retrouver les inflexions de sa voix, sa sensibilité sensible, son être même. C’est ce que voulait le cinéaste lui-même, qui a filmé dans une réplique en studio de son appartement. Ce même appartement où – imposé par le confinement (l’Espagne vient d’assouplir les règles, mais l’interdiction de rester à la maison s’applique toujours) – Almodóvar vit en isolement depuis la mi-mars.

La tentation de l’isolement

Dans une série de textes pour El Pais (disponible en français sur le site de Télérama), son « journal de prison », Almodóvar évoque des moments de tristesse, de solitude, son angoisse face à une maladie qui rôde. Sur le même sujet : Moustiques : connaissez-vous l’astuce de vaporiser du vinaigre sur les vitres ?… mais aussi une étrange familiarité. « La première chose que j’ai découverte, c’est que ma situation n’était pas très différente de ma routine quotidienne – j’avais l’habitude de vivre seul et d’être en attente », écrit-il.

Depuis près de dix ans, le cinéaste de 70 ans, pilier des boîtes de nuit dans les années 1970, figure omniprésente de la nuit madrilène, véritable extraverti, amateur de cocaïne et travesti à l’occasion, s’est largement retiré du monde. Il voyage peu, malgré des invitations constantes à travers le monde, et sort très peu, ne quittant son célèbre appartement aux murs rouges que pour aller au cinéma car il reste un fétichiste de la chambre noire. « J’ai souffert d’agoraphobie et de claustrophobie pendant un certain temps », écrit-il. Je sais que ce sont des pathologies opposées, mais mon corps est paradoxal, c’est une de ses caractéristiques, ça a toujours été comme ça.

Paradoxalement, son cinéma l’est tout autant. De ses films des années 80, on a l’image d’un tourbillon coloré, une explosion d’audace et de bonne humeur. Mais à y regarder de plus près, la tentation de l’isolement est déjà là : Dans les tènèbres (1983), Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), Attache-moi ! (1989) se déroulent – ​​en tout ou en partie – à huis clos. Le couvent du premier film et le grand appartement du second sont aussi des gynécmes, des espaces clos où les femmes peuvent s’exprimer librement, où la fiction peut s’épanouir. Car dans l’univers d’Almodóvar, nourri, enfant, des lettres de sa mère, écrivain public, composées pour ses voisins analphabètes, le récit appartient toujours aux femmes. Les hommes sont, comme Antonio Banderas dans deux histoires d’amour et de séquestration, Attachez-moi ! et La Piel que habito (2011), des instruments de vengeance, des corps dangereux qui cherchent à contenir et à détruire.

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Le désir de revenir en enfance

C’est en effet à cause de l’homme que Leo Macias (Marisa Paredes) s’enferme chez lui dans La Fleur de mon secret (1995), le film qui ouvre la deuxième période d’Almodóvar : celle de 1990 à 2000 avec ses grands mélodrames émouvants et ses film noir impitoyable. Comme l’héroïne de La Voix humaine de Cocteau, l’une des grandes passions cinématographiques, Léo est dévasté par l’abandon – un homme manque et tout est désert. Ceci pourrez vous intéresser : Fin des mesures Covid France : masque, passeport, voyage, hospitalisation. Mais la tentation de se retirer du monde est mortelle : elle conduit Leo droit à une tentative de suicide. Seul un retour dans son village d’enfance peut la sauver.

Il en va de même pour Douleur et Gloire : la douleur de Salvador dans la vie se résout en revenant, dans la pensée et la fiction, au village et à l’enfance. Volver (2006), ce titre (l’un des meilleurs films d’Almodóvar) est essentiellement un programme. Le désir qui habite le reclus n’est pas tant le désir de partir que celui de revenir. Partir à huis clos suppose un voyage dans le temps. Du moins pour le créateur. Car le spectateur n’a qu’à s’immerger dans les films pour s’évader.

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