Les marges des banques sont devenues trop étroites entre la hausse des taux et le taux d’attrition fixé par la Banque de France, qui ne suit pas. Ils préfèrent donc économiser sur la commission des courtiers.
Après avoir alerté pendant des mois sur les problèmes liés aux faibles taux d’attrition fixés par la Banque de France, les courtiers en font désormais les frais. Plusieurs grands groupes bancaires ont simplement décidé de se passer de leurs services. C’est le cas de la Société Générale et du Crédit du Nord (qui appartiennent au même groupe), ainsi que de plusieurs caisses régionales du Crédit Agricole, comme l’a révélé le journal Les Echos lundi soir. D’autres banques pourraient emboîter le pas dans les prochaines semaines.
La production de nouveaux crédits n’est pas stoppée mais, notamment, aucun des dossiers envoyés par les courtiers n’est conservé pour l’instant. En d’autres termes, ces banques ont décidé de ne prendre que des clients directs. Une décision temporaire certes, mais qui agit comme un séisme dans le secteur du crédit. En cause, un taux d’attrition qui n’évolue pas assez vite alors que les taux hypothécaires continuent d’augmenter sous la pression des changements de politique monétaire des grandes banques centrales.
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Une méthode de calcul obsolète

Destiné à protéger les particuliers contre des conditions de crédit abusives, le taux d’usure, fixé trimestriellement par la Banque de France, est relativement méconnu du grand public. En effet, aucune banque ne peut, à tout prix compris, prêter au-delà de ce seuil calculé sur la base des taux moyens pratiqués au cours du dernier trimestre, majorés de 30 %. Actuellement, il est fixé à seulement 2,40 % pour les hypothèques à taux fixe d’une durée égale ou supérieure à 20 ans. Sa prochaine mise à jour aura lieu le 1er juillet.
Le problème est que cette usure est calculée à partir des emprunts signés entre janvier et mars. Mais depuis, les taux d’intérêt ont fortement augmenté. « Les taux moyens montent à 1,35 % sur les 15 ans, 1,55 % sur les 20 ans et 1,75 % sur les 25 ans, mais de plus en plus de banques affichent désormais des taux supérieurs à 2 % sur les 20 ans, des taux qui n’ont pas été montrés depuis 2017″, précisait le courtier Vousfinancer début juin. Quand on ajoute les frais (et surtout l’assurance de l’emprunteur et la commission des courtiers), tant de dossiers passent de justesse de nos jours.
Bien conscient du problème, le gouvernement a récemment ouvert la voie à une révision du calcul du taux d’usure mais sans précisions. Les grandes banques ont-elles décidé d’accélérer le processus d’exécution ? Et ce, en même temps que la possibilité de changer d’assurance emprunteur à tout moment (dès le 1er juin pour les nouveaux contrats) risque de couper les marges de confort générées par leur position dominante en la matière.