Présentation de la stratégie d’Alfa Romeo avec son PDG Jean-Philippe Imparato

Written By Sara Rosso

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Entretien avec le patron de la marque italienne, sur le mythique circuit de Balocco, à l’occasion de la présentation internationale du SUV Tonale Q4, le premier modèle hybride rechargeable d’Alfa Romeo. Jean-Philippe Imparato décrypte la stratégie de la marque, engagée dans la transition vers l’électricité d’ici 2024-2025 au même titre que toutes les marques premium du groupe Stellantis.

Auto Info : Depuis votre nomination, vous avez lancé un plan de réduction des coûts chez Alfa Romeo, où en êtes-vous ?

Jean-Philippe Imparato : Nous avons réduit les coûts de 50 %. En fait, l’objectif, en 2021, était de gagner de l’argent. La contribution d’Alfa Romeo au PNL de Stellantis est devenue positive. Pour cela, ils ont réduit les coûts fixes, la commercialisation, le coût total de production et le coût du manque de qualité. Nous avons fixé nos prix et ensuite ajouté à ce qui est estimé être la valeur de la voiture.

« Nous avons baissé les coûts de 50 % ».

Auto Infos : Alors au premier semestre 2022 vos résultats financiers dépasseront-ils ceux de 2021 sur une année pleine ? Sur le même sujet : Vente de véhicules d’occasion : un marché en surchauffe qui fait grimper les prix.

Jean-Philippe Imparato : Oui, c’est même assez surprenant. La rentabilité de l’unité automobile est en elle-même très positive. Ce n’est pas lié à un volume de voitures. C’est inné. Je vends une voiture, donc je gagne de l’argent. Il n’y a pas de compromis là-dessus. Si on veut être entraîné dans des canaux que je qualifie de toxiques, on n’ira pas si on veut avoir un impact sur la valeur résiduelle de la marque.

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« Je ne suis pas payé sur les volumes ! ».

Auto Infos : Êtes-vous toujours allergique à ces canaux tactiques comme par le passé chez Peugeot ? Sur le même sujet : Hyundai et Giugiaro reconstruisent le concept Pony Coupé de 1974.

Jean-Philippe Imparato : Absolument ! Je peux faire une très bonne location à court terme si je contrôle 100% du rachat. Sinon, je ne mettrais jamais une voiture sur une courte distance. En termes de véhicules de démonstration, nous en aurons peut-être quelques-uns en cas de besoin, comme avec le Tonale au lancement. Je ne suis pas payé sur les volumes !

Auto Infos : Ce rejet des volumes ne concerne-t-il pas désormais tous les constructeurs ?

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Jean-Philippe Imparato : Oui, sauf que lors des commentaires de fin d’année, on reparlera du nombre de voitures vendues ! Le résultat net d’Alfa Romeo a augmenté à deux chiffres par rapport à 2020. Nous vendons au prix que nous voulons, ce qui nous place à égalité ou au-dessus de BMW dans toutes les transactions. C’est ma référence en termes de prix. Nous maîtrisons nos coûts. Je vous rappelle que nous avons 49 salariés pour gérer Alfa Romeo. C’est une start-up qui gagne de l’argent.

Auto Info : N’est-ce pas la marque la plus rentable de Stellantis aujourd’hui ?

Jean-Philippe Imparato : Au niveau unitaire non, mais c’est la prime la plus rémunératrice. C’est une bonne nouvelle, mais maintenant ce doit être le premium qui se développe partout.

Auto Info : Avec le Tonale Q4, vous entrez dans l’hybride rechargeable. N’est-ce pas incongru pour une marque sportive comme Alfa Romeo ?

Jean-Philippe Imparato : Je ne lance pas un PHEV mais une autre brique du développement d’Alfa Romeo. Si nous ne le faisons pas maintenant dans le segment C-SUV, la marque pourrait être en danger. Il faut aller vers l’électrification car ceux qui pensent, un instant, que l’électrification n’est pas la voie de tout le monde se trompent quel que soit le pays. Au niveau de l’hybride rechargeable, on y va au plus vite tout en respectant l’ADN de la marque. La Tonale Q4 est dans l’univers d’Alfa Romeo, elle reste une vraie voiture de sport agréable à conduire. C’est donc l’acte 1 de l’électrification qui est fondamental. Avec 40% de CO2 en moins à 26 g/km, dans de nombreux pays avec moins de 30 grammes, on ne paiera pas l’accès aux centres-villes. Nous voulions aussi 600 km d’autonomie pour ne pas avoir les critiques récurrentes en PHEV sur la recharge. Avec Tonale, nous avons à la fois liberté et efficacité. Ce qui a forcément une valeur importante pour le BtoB. Cela ouvre les appels d’offres en Allemagne. Je veux faire passer trois messages : liberté, pas de problème d’accès et ouverture au BtoB.

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« Je ne lance pas un PHEV mais une brique de plus dans le développement d’Alfa Romeo ».

Auto Info : Cela vous permettra-t-il de continuer jusqu’à la prochaine génération d’électricité à Stellantis ? Sur le même sujet : Occasion : 5 Opel Astra à partir de 8 490 €.

Jean-Philippe Imparato : Oui jusqu’en 2024. Nous aurons de l’hybride et du full électrique sur la plateforme B Pilot. Nous allons donc compléter le C-SUV par un B-SUV, sauf que ce ne sera pas un SUV tel que nous le comprenons… Puis, en 2025, nous aurons la plate-forme électrique Stellantis avec 800 Volts avec une toute nouvelle architecture électronique et Logiciel. avec la 5G.

Auto Info : Alfa Romeo serait à la pointe du logiciel ?

Jean-Philippe Imparato : C’est la première application de STLA Brain en 2025. Nous sommes passés du dernier de la classe au premier applicateur ! La voiture qui sortira aura une plage de puissance de 350 à 800 chevaux. Nous aurons la 5G et l’intelligence artificielle. Je vais l’utiliser pour augmenter l’efficacité de la conduite à travers les données. C’est un outil de positionnement pour Alfa Romeo, une sorte de copilote.

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Auto Infos : Comment situez-vous la marque Alfa Romeo dans la galaxie Stellantis ?

Jean-Philippe Imparato : Nous sommes dans un groupe premium avec DS et Lancia. Chaque semaine, un club se réunit pour discuter de nos options stratégiques et commerciales. Nous serons les premiers à entrer dans le nouveau modèle de distribution au détail.

Auto Infos : Alors justement, il y a cinq ans, pendant votre passage chez Peugeot, vous prôniez déjà un changement du business model de la distribution avec une réduction drastique des coûts fixes. Le contrat d’agence est-il la pièce maîtresse de cette stratégie ?

Jean-Philippe Imparato : Puisque l’électrification mais aussi les évolutions logicielles et réglementaires nous conduisent à une augmentation de 50% du coût des voitures, il n’est pas étonnant que dans la clientèle iso, nous soyons collectivement obligés de réduire de moitié le coût de distribution. En effet, je l’ai dit il y a cinq ans. En fait, de nombreuses entreprises viennent ici aujourd’hui qui ont dit « non » à ce moment-là. C’est parce que nous voulons optimiser le coût global de distribution, et pas seulement celui des concessionnaires mais aussi celui des constructeurs, qu’il faut être prudent.

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« Nous ne sommes pas en confrontation avec le concessionnaire, bien au contraire ». 

Auto Infos : Comment ce contrat d’agence s’inscrit-il dans votre stratégie globale ?

Jean-Philippe Imparato : En bref, nous avons des prix nets, une sélection rigoureuse des investissements marketing à l’euro près et un nouveau modèle de distribution guidé par une relation parfaite avec le client. Nous ne sommes pas dans une confrontation avec l’homme d’affaires, au contraire je pense que nous pouvons très bien nous débrouiller tous les deux. Plus le marchand vend, plus il gagne. Il n’y aura plus de rabais à avoir et nous transporterons du nouveau stock comme véhicules de démonstration. Le concessionnaire peut également reprendre les véhicules d’occasion, y compris les rachats. Et nous réduirons nos normes immobilières de moitié.

Auto Infos : Comment expliquez-vous cette grogne des distributeurs ?

Jean-Philippe Imparato : C’est la peur du changement. Nous voulons parler encore et encore. Le principe de l’électricité est derrière nous, il faut donc s’adapter. Mais je fais confiance à mes collègues français. Le contrat d’agence débutera en 2023 pour Alfa Romeo.

« Nous ne pourrons pas diverger sur de nouveaux investissements dans le thermique ».

Auto Infos : Et l’Euro 7, vous en pensez quoi ?

Jean-Philippe Imparato : Ça semble changer tous les jours ! Nous avons eu une autre nouvelle version la semaine dernière. C’est très difficile à comprendre. Heureusement, nous avons des équipes efficaces pour déchiffrer tous ces textes. Avec l’énergie que nous mettons dans l’électricité chez Alfa Romeo, nous ne pourrons pas dévier pour continuer sur de nouveaux investissements dans le thermique ! Nous ne devons pas jouer avec nos équipes, car nous devons faire fonctionner nos usines.