Concrets, rapides à mettre en œuvre dès que l’on veut se mettre en difficulté, les « petits gestes » qui contribuent à la sobriété énergétique sont pleins de vertus. Ils permettent de canaliser en douceur la responsabilité individuelle et les actions de masse, ce qui est essentiel si l’on veut avoir une influence significative à l’échelle nationale.
Pour Fanny Parise, chercheuse associée à l’Université de Lausanne et spécialiste de l’évolution des modes de vie, la principale qualité de ces petits gestes est de fixer un cap à suivre. « Ça crée un imaginaire qui permet de tracer un chemin et surtout une prise de conscience que maintenant il va falloir agir différemment », dit-elle.
Les petits gestes : un pas vers l’empowerment individuel ?
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Les petits gestes : un pas vers la responsabilisation individuelle ?
Cependant, cette tendance à suivre les comportements a ses limites. Un signal égal n’exige pas le même effort de la part de tous. Peut-on raisonnablement considérer que se passer de véhicule personnel tout en habitant en banlieue est aussi simple que si l’on habite en centre-ville ? « Un petit geste peut avoir une sorte d’effet paralysant. Voir l’article : Plomberie : comment choisir sa plomberie ?. Une fois terminé, on risque de croire qu’on a fait notre part », raconte Fanny Parise. « Nous avons ensuite mis en toile de fond une réflexion un peu plus globale sur l’évolution de la société et des modes de vie. »
Il y a donc un problème à exprimer les « petits gestes », porteurs d’une sorte d’innocuité qui conduit à hésiter alors qu’ils devraient faire appel à de profonds changements anthropologiques. Quoi qu’il en soit, l’expérience récente a montré que de petits gestes, lorsqu’ils sont mis en œuvre, peuvent entraîner des économies allant jusqu’à 17 % par personne. Et cela à bien des égards…
Axe d’action n°1 : le numérique, nouveau totem de la sobriété
Champ d’action n°1 : le numérique, nouveau totem de la sobriété
Qu’il s’agisse de l’adolescent rivé à son smartphone ou des vastes fermes de serveurs informatiques, il est facile de soustraire le numérique aux diktats de la responsabilité individuelle. Invitation à couper son wifi ou à vider sa boite aux lettres, surchargeant les serveurs eux-mêmes gros consommateurs d’énergie, les éco-entreprises numériques sont stigmatisées comme des gestes simples, rapides et nécessaires à mettre en œuvre sur elles-mêmes. Cependant, ils doivent être mis en perspective. Ceci pourrez vous intéresser : Immobilier : est-il possible de négocier le prix d’un bien en 2022 ?. Si l’on sait désormais que le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, la pollution numérique est avant tout, selon l’étude iNUM publiée par GreenIT, le fait est de la fabrication des appareils, qui concentre entre 36 et 87% des impacts environnementaux. « Il ne suffit pas de supprimer des e-mails. Surtout, il faut fabriquer moins d’appareils et ceux qui durent plus longtemps », indique l’étude.
Le monde numérique montre que si chaque geste est nécessaire, le but trop petit ou mal placé est surtout de diluer l’effort et de donner un sentiment d’inefficacité. « Cela produit des courts-circuits cognitifs et des biais interprétatifs qui nous maintiennent inactifs. C’est difficile à comprendre, car au niveau individuel, on a le sentiment d’avoir fait beaucoup de changements. Les petits gestes ont un prix psychologique sur un individu qu’il faut prendre en compte », a déclaré Fanny Parise.
Domaine d’action n°2 : vivre à 19°, retour à la cause
Champ d’action n°2 : vivre à 19°, retour à la raison
Autre petit signe facile à mettre en place : suivez les recommandations du gouvernement qui compte baisser la température des maisons à 19°. Mais celle-ci est plus compliquée à mettre en place car dans les entreprises, les espaces publics ou l’habitat collectif plus large, elle n’est généralement pas le fruit d’un choix individuel. Sur le même sujet : Cheveux dans le drain : comment les enlever ? Voici 5 trucs et astuces super simples et rapides !. Pourtant, son efficacité a été prouvée puisque, selon l’Ademe, il est possible de réduire sa consommation énergétique de 7% en baissant d’un pas sa consommation énergétique.
Un petit geste, mais un impact direct sur sa facture énergétique. Une solution qui masque cependant le problème plus grave et à long terme des passoires thermiques et supprime la population matière qui peut déjà prouver que 19° de température est un luxe au cœur de l’hiver.
Domaine d’action n°3 : la mobilité, seul véhicule en ligne de mire
Champ d’action n°3 : la mobilité, le véhicule individuel dans le collimateur
Autre signe quotidien, celui de se passer de sa voiture particulière, qui représente aujourd’hui, selon une étude de l’Agence européenne pour l’environnement en 2019, 60,6% des émissions totales de CO2 du transport routier en Europe. Sachant que les transports dans leur ensemble représentent ¼ des émissions mondiales du continent, nous comprenons les efforts déployés pour tenter de changer nos habitudes de déplacements. Pourtant, la question de la « désirabilité » de pratiques telles que le covoiturage ou l’utilisation des transports en commun est au cœur du débat.
Difficile de mettre le doigt sur quelqu’un qui a besoin de sa voiture pour travailler sans remettre en question la politique d’aménagement de la ville ou du territoire. Les petits gestes sont, à bien des égards, une affaire d’individu, mais aussi et surtout de société.
Axe d’action n°4 : le télétravail, premier pas vers la sobriété souhaitée
Champ d’action n°4 : le télétravail, premier pas vers une sobriété voulue
Même si, là aussi, il ne concerne qu’une partie de la population, l’avènement du télétravail est un autre de ces « petits gestes » qui ont vu le jour et qui ont un impact direct sur les comportements et la consommation d’énergie, réalisés concrètement avec la période Covid. locaux commerciaux. Selon l’Ademe, si 18 % des actifs passaient au télétravail, la France pourrait économiser chaque jour 3 300 tonnes de CO2, soit la consommation annuelle d’environ 365 Français.
Cependant, on ne peut pas considérer le télétravail comme un petit geste individuel, sans tenir compte des effets secondaires psychologiques, économiques et managériaux qu’il représente. Une question très variée d’une entreprise à l’autre.
Les 6 gestes qui comptent
Il est donc difficile d’objectiver ces « petits gestes » sans prendre le risque d’exclure une partie de la population, pour des raisons sociales, économiques ou pratiques. D’autant plus que ces actions individuelles nous amènent à prioriser nos activités écologiques de manière erronée. « C’est ce à quoi moi et d’autres savants accordons un crédit moral. Nous nous concentrons sur certains petits gestes qui sont considérés comme bons et nous permettront également d’avoir d’autres pratiques qui ne sont pas si grandes. Sans même pouvoir comprendre, au final, que ce n’est pas à cause de nos déchets que nous trions que nous avons un mode de vie en adéquation avec les enjeux socio-environnementaux urgents. »
Début mars, cependant, une étude de l’Université de Leads tentait d’évaluer « 6 actions les plus importantes » dans le but d’atteindre les objectifs de développement durable. Descendez de l’avion, limitez vos achats de vêtements à trois nouveaux modèles par an, passez à une alimentation végétale, gardez les appareils électriques pendant au moins sept ans, débarrassez-vous de votre véhicule personnel et faites un « gros » changement au moins un, comme isoler votre maison ou passer à une source d’énergie durable. Si cette étude a la valeur de fournir un point de départ à l’action citoyenne, force est de constater qu’elle reste profondément ancrée dans une logique consumériste.
« Travailler à domicile, limiter l’avion ou acheter de nouveaux vêtements appartient à une population qui a déjà le choix », conseille Fanny Parise. Une étude de 2020 publiée dans la revue Global Environment Change a estimé que seuls 2 à 4 % de la population mondiale prendraient probablement des vols long-courriers, ce qui limite considérablement l’étendue du panel et l’impact de ces jets en conséquence.
Comment éviter l’inaction collective ?
Comment éviter l’inaction collective ?
« Peut-être faut-il renoncer à l’auto-séparation lorsqu’on essaie de catégoriser les petits gestes », suggère Fanny Parise. Invoquer des petits gestes à tort, c’est prendre le risque d’imposer une « morale de classe » qui n’est accessible qu’à une partie de la population, et de surévaluer des actions finalement peu impactantes, alors qu’il faut changer. Accords de Paris. Comment, quand on sait par le rapport de l’ONG « Carbon Disclosure Project » que 100 entreprises mondiales sont à elles seules responsables de 71% des émissions de gaz à effet de serre, imaginer que débrancher son équipement électrique pourrait sauver son pari de la vie ?
« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de le faire. Il y a une dynamique qui se met en place qui peut guider la population, les entreprises et les États. »
Cependant, il est tout aussi dangereux de l’utiliser comme argument pour ne rien faire. La première erreur a été d’opposer les petits gestes aux grandes décisions structurées. Dans la compétition pour savoir qui, de l’entreprise, de l’homme politique ou de l’individu, doit faire le premier pas vers la sobriété, il n’y a vraiment pas de vainqueur. Pour Fanny Parise, « il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière. Il y a, à un moment donné, une dynamique qui se met en place et à laquelle la population, les entreprises et les États peuvent participer ».
Montrer l’exemple, sensibiliser, faire évoluer les pratiques
Montrer l’exemple, nourrir les consciences, changer les usages
Plutôt que de parler de révolution violente, la transition opère par effet d’entraînement. Les petits gestes ont un côté exemplaire : ils créent progressivement des prises de conscience et permettent d’atteindre des points de basculement, pour transformer progressivement des pratiques isolées en comportements de masse. Cette politique a le mérite de rappeler qu’aucun signe n’est anodin. Il doit aussi veiller à ce que chaque effort individuel soit récompensé par une sorte de réflexion. Sinon, l’abandon est certain. « Ces petits gestes ont une fonction anthropologique. Ils engagent les individus dans une nouvelle façon de faire, explique Fanny Parise. Ils aident à construire un nouveau cadre de référence, à faire prendre conscience que le confort qui vient de l’hyperhidrisation n’est peut-être pas donné, qu’on peut être obligé de faire les choses différemment ».
Ce changement vers une nouvelle façon de faire société, pour mieux se positionner par rapport aux frontières planétaires et à l’impact que nous avons sur le monde vivant est essentiel pour créer une action plus globale. Pour Fanny Parise, « tout dépendra ensuite de la façon dont ces petits gestes se développeront ». L’enjeu est de savoir s’ils resteront dans l’ordre des bonnes intentions ou si à l’avenir ils aboutiront à des pratiques qui conduisent les individus à se détourner de certaines marques, de certains secteurs d’activité ou de certaines offres qui ne cadrent pas avec problèmes de sobriété énergétique.
« La perte de désirabilité et d’attractivité de certains secteurs entraînera des évolutions qui auront un impact profond sur la production et la distribution. On met des arbres, on baisse le chauffage, ça va. Mais si, en revanche, toutes les infrastructures anthropologiques de notre société sont encore en place, il ne faut pas s’attendre à un changement profond. Pour continuer là. En attendant, pensez à éteindre votre ordinateur en partant !