Vous avez récemment annoncé l’ouverture de campus à l’étranger, après ceux que vous aviez à Budapest et Shanghai : Malaga et Luxembourg. Pourquoi ces deux destinations, qui ne sont pas des destinations fréquentes dans le monde des écoles de management ?
L’ESSCA se concentre sur le développement de l’Europe. Nous avons déjà des campus internationaux : Shanghai depuis 2006 et Budapest depuis 1993. Cette logique de développement international n’est pas nouvelle, mais nous l’accélérons en nous concentrant désormais sur l’Europe. Le contexte géopolitique, économique et environnemental que nous connaissons nous oblige à nous concentrer sur l’Europe. L’internationalisation des formations est à repenser, et les expériences moins lointaines et décarbonées font partie du défi. Dans cette optique, à la rentrée prochaine, nous ouvrons deux campus, l’un à Malaga et l’autre au Luxembourg.
Malaga est une ville très dynamique économiquement. C’est un épicentre de connaissances et de développement, notamment dans le domaine des données, de l’intelligence artificielle et de la cybersécurité. Ces sujets sont importants aujourd’hui et le seront encore plus demain. Elles sont indispensables aux compétences demandées par les entreprises et seront au cœur des enjeux et des métiers de demain. Ces sujets sont les domaines d’expertise de l’ESSCA que nous continuerons à développer. Nous voulons développer nos spécialisations liées à ces domaines et pour nos étudiants ce sera une opportunité extraordinaire d’étudier, par exemple, à Malaga, au cœur de l’écosystème à la pointe de ces matières. Une présence sur un territoire porteur, avec la possibilité de coopération avec des entreprises, des start-up, des expertises à la pointe sur ces sujets, est un vrai plus. De plus, l’Espagne peut être un campus approprié pour les étudiants hispanophones, venant par exemple d’Amérique latine, qui souhaitent rejoindre nos programmes ESSCA. Même si les cours sont en anglais, étudier dans un pays hispanophone peut être un facilitateur.
De même, le Luxembourg est, on le sait, l’une des premières places financières européennes, qui s’est très fortement positionnée sur la conformité, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement des investissements à fort impact. Les enjeux de la finance d’aujourd’hui doivent porter sur la transformation écologique et sociale. Là aussi, cela correspond aux positions que nous souhaitons renforcer pour nos étudiants, leur permettant d’utiliser l’écosystème et le territoire à la pointe de ces matières. Notre campus luxembourgeois sera dans un premier temps modeste et capable d’organiser des séminaires de recherche, des projets ou des cas avancés, par exemple.
L’ESSCA s’est implantée dans de nombreuses villes ces dernières années. Y a-t-il d’autres villes dans lesquelles vous envisagez de vous installer dans les années à venir ?
Le développement de notre campus en France est arrivé à son terme. Avec l’ouverture du sixième campus à Strasbourg en septembre dernier, tous les diplômés sont à moins de trois heures du campus de l’ESSCA, ce qui nous semble extrêmement important. Nous savons parfaitement comment accompagner les finissants sur le chemin de l’université. Après l’obtention du diplôme, il peut être important d’être proche de la famille, pour des raisons familiales, mais aussi pour des raisons économiques. L’ESSCA offre cette opportunité d’obtenir une Grande Ecole de Management et un diplôme de proximité. Des diplômes de qualité reconnue, titulaires d’un Master du programme Grande Ecole (Master en 5 ans) ou d’une licence de Bachelor en Management International et bénéficiant d’une triple accréditation internationale (EQUIS, AACSB, AMBA).
En cycle Master, nos étudiants sont tenus, s’ils le souhaitent ou en fonction de leur spécialisation, de rester sur leur campus ou de poursuivre leurs études sur un autre campus de l’ESSCA, en France ou à l’étranger.
Les soft skills, la RSE, la transformation écologique, l’épanouissement personnel, etc. sont des sujets que les Grandes Ecoles n’hésitent plus. Comment abordez-vous cela dans la pédagogie de l’ESSCA à travers les cours ou les activités que vous introduisez ?
L’engagement pour la transformation environnementale et sociale est ancien à l’ESSCA et sa reconnaissance, tant dans l’enseignement que dans la recherche, n’est plus à faire. L’ESSCA est régulièrement classée parmi les meilleures écoles dans ces domaines. Cela se traduit logiquement dans nos enseignements. De cette manière, les ODD (objectifs de développement durable) sont systématiquement mis en œuvre dans tous les cours. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un cursus spécifique dans le cursus : en finance, marketing ou RH par exemple, toutes les disciplines du management interpellent ces enjeux. La cartographie est sur une base pilote, ce qui nous permet de nous assurer que tous les objectifs de développement durable sont inclus dans les leçons. Nos étudiants se voient également proposer des formations spécialisées, comme un MSc in Sustainable Management, pour approfondir ce socle commun.
Au-delà du cursus, l’engagement de nos étudiants est également primordial et confirmé dès le début de nos programmes. C’est pourquoi cette année, nous avons introduit l’intégration de la rentrée scolaire, axée sur ces sujets, pour tous les niveaux et programmes (premier cycle, PGE ou simultané). Par exemple, les sessions d’intégration Bachelor ont été menées en partenariat avec Make Sense et axées sur l’entrepreneuriat à impact. Pour les novices du PGE, nous avons mis en place un gros projet en partenariat avec Splash sur tous nos campus simultanément. Ainsi, tous nos élèves de première année ont construit des structures en bois en une semaine au sein et pour l’IME sur leur territoire (IME, instituts médico-pédagogiques, sont des structures accueillantes pour les enfants en situation de handicap).
Les valeurs de solidarité, d’ouverture aux autres, d’engagement qui structurent les projets pédagogiques de l’ESSCA se retrouvent dans cette ambition de préparer nos étudiants à être demain et aujourd’hui acteurs de la transformation écologique et sociale.
Plusieurs écoles ont obtenu le statut de société missionnaire. L’ESSCA suit-elle cette approche ?
L’ESSCA bénéficie du statut EESPIG, qui est une reconnaissance encore plus grande et un engagement pour l’intérêt général. Cette reconnaissance et cet engagement sont un indicateur fort de notre école et de nos valeurs.
De nombreuses écoles de management réfléchissent profondément à leur raison d’être qui va au-delà de la formation de futurs managers ou de futurs entrepreneurs. Comment définiriez-vous la raison d’être de l’ESSCA ?
La philosophie pédagogique et scientifique vient en premier. Il s’agit de produire et de diffuser des connaissances et de participer au débat scientifique et social et de porter la conviction que l’éducation est une force émancipatrice. Trois dimensions fondamentales peuvent être distinguées dans sa déclinaison. Le premier est de continuer à apporter des compétences avancées aux entreprises et à la société, y compris dans des domaines en pleine mutation comme l’intelligence artificielle et la data. Le second est de répondre aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, à la fois géopolitiques, environnementaux et sociaux, dans le respect d’une logique globale. Cela inclut les questions d’inclusion et de diversité. Ce sont des sujets extrêmement forts qui organisent nos réflexions. La troisième dimension est plus conceptuelle. Les matières de sciences humaines font depuis longtemps partie intégrante de nos formations et continuent sans aucun doute d’être la marque de fabrique de l’ESSCA. C’est désormais un tiers du contenu du cycle 1. Face à une complexité et une accélération croissantes, économiques, géopolitiques, environnementales, il s’agit de donner à nos élèves l’opportunité de rendre le monde compréhensible, de pouvoir le penser et le transformer. il. A cet égard, l’hybridation des cursus, l’esprit critique, les humanités alliées à de solides compétences est clé. L’hybridation doit être notre ligne directrice.