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La radiologie, le financement de tous les risques :
prévenir les risques pour les radiologues et les patients
Communiqué de presse de l’Académie nationale de médecine (*)
Les radiologues du secteur libéral, avec leurs plateaux techniques d’imagerie médicale, font actuellement l’objet de propositions massives de rachat par des investisseurs ; ceci, après que des cliniques privées, des EHPAD, des plateformes de biologie et, plus récemment, des EHPAD ont été en grande partie acquis par des groupes financiers dans le cadre de fonds d’investissement. S’appuyant sur l’effondrement démographique des radiologues, ces offres financières attractives méconnaissent divers risques pour les professionnels et les patients.
Le premier risque est dû au manque de transparence dans la constitution d’un certain nombre de sociétés libérales acquérant des plateformes professionnelles, avec pour conséquence que des investisseurs n’apparaissent pas au capital de ces sociétés auxquelles seront liés des professionnels de santé. sous contrat. Elle est également due à la double opacité des contrats proposés :
– d’une part, les professionnels travaillant dans ces sociétés n’ont ni contrôle sur la gouvernance ni sur la gestion, ni contrôle sur les droits financiers,
– en revanche, les Conseils départementaux de l’Ordre des médecins (CDOM) donnent leur avis sur les statuts des entreprises, mais pas sur les contrats connexes et complexes conclus ailleurs et souvent non communiqués. Par un mécanisme d’imbrication, ces différents autres contrats et pactes associés signés par les professionnels les lient à des sociétés de « prestation de services » (filiales, holdings) qui elles-mêmes louent les autorisations de la Région sanitaire, des locaux, des équipements ou du personnel.
Le deuxième risque concerne les contrats d’exercice, souvent imposés entre médecins et entreprises, qui les soumettent à un armement de clauses sur les modalités d’exercice, à des obligations (itinérance en sites séparés, durée d’exercice obligatoire au sein de l’entreprise pour percevoir le solde d’exercice ). le prix du transfert, la garde et le paiement des pénalités, les plateformes d’exercice imposées, les droits d’exercice exclusifs dans le ou les établissements sélectionnés par le groupement, les sanctions si les objectifs chiffrés ne sont pas atteints, le nombre et les types d’examens ou de sessions), ou encore limitations ou interdictions de communication.
Le troisième risque concerne les professionnels, mais aussi les patients. Ces contrats, multicouches sur le fond et sur la forme, induisent une dérégulation professionnelle avec des risques avérés de perte d’autonomie décisionnelle, et une orientation de l’activité vers des examens rentables, simples et pourtant modélisés au détriment de l’urgence. Elles peuvent affecter le libre choix des patients du fait de la signature de clauses d’exclusivité entre l’entreprise et certaines cliniques privées ou plateformes de téléradiologie (y compris à l’étranger). Ce risque compromet l’indépendance des professionnels, garantie par l’article R. 4127-5 du code de la santé publique. Elle peut fortement affecter la liberté de choix du patient dans son accès à un spécialiste conseillé par son médecin, notamment en radiologie interventionnelle. Enfin, cela peut affecter la propriété des données des patients elles-mêmes.
Académie nationale de médecine :
– demande que le principe d’indépendance des professionnels de santé soit inscrit, en tant que principe éthique fondamental, dans l’article L 162-2 du code de la sécurité sociale ;
– Invite instamment le Conseil National de l’Ordre des Médecins à informer les CDOM des risques éthiques et déontologiques des contrats imposés aux praticiens associés des entreprises d’exercice libéral, afin qu’ils exigent la communication des contrats à tous et pas seulement aux statuts et règlements intérieurs des Entreprises;
– Propose que les contrats d’exclusivité des praticiens en clinique privée soient encadrés afin d’éviter les abus liés à des clauses d’exclusivité d’exercice abusives qui faussent l’exercice et l’indépendance des professionnels, le libre choix par un médecin de son correspondant dans une autre spécialité et, par voie de conséquence ; , la liberté de choix des patients ;
– demande le remplacement de la procédure actuelle d’autorisation pour les équipements lourds par une autorisation pour les activités d’imagerie, telles que la radiologie neurologique, l’intervention cardiaque et la médecine nucléaire. Cette autorisation d’activité, soumise à des procédures d’accréditation/certification auprès des architectes, doit viser à évaluer et à préserver la qualité des conditions d’exercice des radiologues, ainsi que celle de la conduite et de la déclaration des examens en s’appuyant, entre autres, sur le respect des exigences. des patients et sur leurs retours ;
– Avertissement sur la responsabilité juridique dans le domaine de la téléradiologie et sur la nécessité de clarifier la question de la propriété des données massives d’imagerie patient, éventuellement interprétées, stockées et exploitées à l’étranger par l’intelligence artificielle, notamment dans le cadre des réseaux de téléimagerie. Malgré le financement des examens par les caisses publiques d’assurance maladie, ces données personnelles sensibles, car diagnostiques et thérapeutiques, échappent à tout contrôle.
(*) Communiqué de la Plateforme de Communication Rapide de l’Académie validé par les membres du Conseil d’Administration le 24 juin 2022.