Rats, pigeons… Ces animaux de la ville jugés « nuisibles »

Written By Sara Rosso

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LES ANIMAUX ET LA VILLE (1/4) – Cet été, BFMTV s’intéresse à ces animaux qui, malgré le béton, la pollution et la flore plus rare qu’ailleurs, arrivent à vivre avec nous en ville. Ce premier épisode se concentre sur les « ravageurs ».

« Maladies », « détériorations », « retours »… Certains animaux vivant en milieu urbain sont accusés de nombreux maux, et sont considérés comme « nuisibles » par les municipalités. Ce terme désigne les espèces qui nuisent à l’existence humaine en ville, car à la détérioration et aux problèmes de santé qu’ils engendrent, et dont la population doit être régulée.

Sur la première marche du podium de ces animaux réputés nuisibles, on retrouve le rat, suivi de près par le pigeon et par nombre d’insectes à l’image peu attrayante comme les cafards et les punaises de lit.

Les rats, une « question de santé publique »

Cet élu Les Républicains a fait de la lutte contre la propagation des rats un combat dans sa commune, expliquant qu’ils « soulèvent une question de santé publique, c’est un danger pour l’homme et sa santé ». D’autres élus locaux se distinguent également dans cette bataille. A voir aussi : Mantes-la-Jolie : Malgré l’interdiction, le « cannabis light » se vend toujours dans une ambiance décontractée. « Ces rongeurs contaminent les denrées alimentaires, ils sont porteurs de maladies par leurs urines et excréments, leurs morsures et leurs parasites », écrit la ville de Montpellier sur son site internet.

Cette crainte sanitaire a été étayée le 15 juillet par un communiqué de presse de l’Académie nationale de médecine qui parle du « rat d’épuration » comme « la plus nocive des espèces commensales humaines ». L’académie pointe « son intense productivité » et assure que « le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses (maladie pouvant être transmise de l’animal à l’homme, ndlr) de ses exoparasites, de ses excréments, de sa morsure ». ou des rayures. »

Elle évoque le risque de septicémie par morsure, et la transmission de plusieurs bactéries et virus aux conséquences graves pour les personnes.

François Lasserre, vice-président d’Opie (l’office des insectes et de leur environnement), rejette l’idée que ces animaux transmettent de nombreuses maladies, parlant « en particulier d’une maladie, la leptospirose », dont on trouve moins de 500 cas par an en La France avec très peu de mortalité, explique-t-il.

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Une nuisance liée à leur mauvaise image?

Une nuisance liée à leur mauvaise image?

Au-delà du problème sanitaire, cet animal est également accusé de détériorer les infrastructures, comme « les matériaux d’isolation des habitations et des réseaux électriques, qui peuvent provoquer des courts-circuits », déclare la mairie de Montpellier, qui parle de « dégâts importants ». Sur le même sujet : Moi, producteur de chanvre : changements dans la législation sur le CBD, « c’est catastrophique ».

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Pour François Lasserre, cette impitoyable envers le rat principalement à cause de sa mauvaise réputation n’est pas vraiment justifiée : « le mot rat est devenu stigmatisant », explique-t-il, « c’est un traumatisme dans notre culture depuis la peste ».

Douchka Markovic, déléguée à la mairie du 18e arrondissement de Paris, en charge du bien-être animal, avait également appelé début juillet à ne plus parler de « rats » pour les rats bruns présents dans la ville, mais de « rats du nord ».  »  » , un terme « à connotation moins négative ».

Les pigeons font aussi partie de ces nuisibles urbains, notamment pointés du doigt pour leur saleté. Leur multiplication « autour d’un même lieu favorise les problèmes pour les riverains : excréments, bruit, dégradation des bâtiments… », écrit la mairie de Lille.

Ces animaux « souffrent d’une image de saleté même s’ils ne sont pas sales », explique François Lasserre. Il ajoute également que la blatte, qui a aussi une mauvaise image, est un insecte « inoffensif », mais admet qu’être confronté à des punaises de lit est « beaucoup plus agaçant ».

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Y a-t-il plus de rats que d’habitants à Paris?

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Outre la peur de contracter des maladies via ces espèces, il y a aussi souvent l’idée qu’elles se propagent, que les membres deviennent de plus en plus nombreux dans la ville, et représentent ainsi un danger croissant. Lire aussi : Excursions : Les Animaux en Liberté de Michel Audiard. Le nombre de punaises de lit semble ainsi avoir fortement augmenté ces dernières années, avec une augmentation de 76% des interventions professionnelles en 2020.

Côté rongeurs, l’Académie nationale de médecine dans son communiqué parle d’un « ratio de 1,5 à 1,75 rats par habitant à Paris et Marseille », ce qui représenterait des millions d’individus. Mais d’autres relativisent ce décompte.

Selon une étude de 2016-2017, transmise par la Mairie de Paris, la population de pigeons bisets – l’une des trois races de pigeons que l’on trouve dans la capitale – ne serait que de 23.000 individus dans la capitale, pour plus de deux millions d’habitants.

Bref, il y aurait moins de rats et de pigeons qu’on ne le pense, et pas forcément de plus en plus, comme on le rappelle régulièrement. Quand il y a du travail dans certains quartiers de la ville, les animaux qui y vivent sont relâchés et sortent, ce qui fait « qu’on a l’impression qu’il y en a de plus en plus par endroits », raconte Amandine Sanvisens, et souligne que dans les zones urbaines trouver ces espèces de moins en moins d’endroits où vivre.

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Ils « nettoient des tonnes de déchets »

Ils "nettoient des tonnes de déchets"

En revanche, François Lasserre note leur participation à l’écosystème urbain, car les pigeons et les rats « nettoient des tonnes de déchets à la surface de la ville ». « Les rats mangent 25 grammes de déchets par jour. Chacun d’eux nous fait donc économiser 9 kilogrammes de déchets au cours de sa vie », expliquait Pierre Falgayrac, expert en hygiène et sécurité sur les rats, à 20 Minutes.

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Ces animaux font aussi partie de la chaîne alimentaire, ils occupent une place dans l’écosystème. Les cafards sont ainsi une source de nourriture pour d’autres espèces comme les lézards, les hérissons ou les souris. Supprimer leur existence, c’est donc retirer à ces animaux une partie de l’alimentation.

« Notre société refuse de se poser la question de cohabiter avec des animaux »

Mais face à la dégradation urbaine associée à ces espèces classées dans la catégorie nuisible, de nombreuses techniques existent désormais dans les villes pour les réguler : capture, étouffement, captage, « lutte chimique »… Geoffroy Boulard explique qu’il installe parfois des clôtures, et sinon utiliser de la neige carbonique qui étouffe les rats cibles. Il prétend utiliser des « moyens proportionnés ».

« Les rats surmulots seront toujours présents à Paris quoi que nous fassions. La réalité est que les actions menées jusqu’à présent ne fonctionnent pas et coûtent très cher », a également expliqué Douchka Markovic, appelant à « des méthodes efficaces et non létales ». doit se poser des questions sur les rats norvégiens et leur mode de vie, mieux les connaître afin de trouver des méthodes efficaces et éthiques ».

Des procédés liés à la reproduction sont déjà proposés dans des lieux, comme les courses de pigeons de gestation : les pigeons pondront dans des lieux dédiés de la ville, où leurs oeufs seront stérilisés.

« Le rapport aux déchets est essentiel »

Pour François Lasserre, si on veut moins voir ces espèces, « il faut faire de la prévention » et commencer d’abord par éviter de laisser de la nourriture partout. « Les cafards sont là parce qu’il y a de la nourriture », souligne-t-il. Pour limiter la propagation de ces espèces, « le rapport aux déchets est essentiel », précise Geoffroy Boulard.

Etant donné que les rats bruns sortent majoritairement la nuit, « si les endroits qu’ils fréquentent beaucoup étaient nettoyés en fin de journée, les rats bruns seraient moins incités à venir s’y nourrir la nuit », explique Douchka. Markovic, ajoutant que « le nettoyage et l’absence de nourriture en surface semble être une solution importante, à cela il faut rattacher l’obturation des trous qui permettent aux rats norvégiens de monter dans les bâtiments, ou l’installation de caillebotis à certains endroits . »

Si François Lasserre appelle à voir la « souris adulte » comme un animal doté d’importantes capacités cognitives, et à apprendre à vivre avec elle en ville, comme avec les autres espèces présentes, il est conscient qu’il y a un long chemin à parcourir avant d’arriver. à cela, car « quand ce n’est pas voulu, nous ne vivrons pas ensemble ».