Rock : les meilleurs albums du moment

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Les lumineuses ruminations de Bill Calahan, la furie retrouvé d’Iggy Pop, l’americana inspirée de Margo Price, la grâce pop éternelle de Belle and Sebastian, le punk féministe de Big Joanie… Nos dernières critiques rock, régulièrement mises à jour.

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Iggy Pop, “Very Loser”

Chassez le naturel, il revient au galop. Revoilà Iggy Pop, à 75 ans, batterie bien chargée, avec un album très rock, tout en bruit, en furie et en paroles brutes, pour rappeler qu’il reste le modèle originel d’un esprit désormais omniprésent jusque dans ses pires caricatures. Emmené par Andrew Watt, un producteur de premier plan (de Justin Bieber à Ozzy Osbourne !), on pourrait redouter un album gonflé aux hormones, un de plus dans sa discographie. Lire aussi : Urgences médicales et hôpitaux à Paris. D’où l’heureuse surprise. Sans égaler ses grands disques, Every Loser tient plutôt bien la route, comme un bon compromis entre l’Instinct furieux et les Nouvelles Valeurs plus subtiles et sous-estimées (Strung Out Johnny, notamment, sur lequel il proclame « Dieu m’a fait junkie, Satan me l’a dit »). Parce que l’Iguane, avec sa belle voix toujours plus mature et caverneuse, y chante bien, et parce que le monolithisme n’est pas de mise..

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Bill Calahan, “Ytilaer”

Depuis trente ans, le quinquagénaire américain au baryton reconnaissable nous transporte, entre incertitude et clairvoyance, avec ses lumineuses ruminations musicales. Au cœur d’Ytilaer – le mot « réalité » inversé -, une réflexion autour du rêve (de First Bird à Coyotes). Celui qu’on quitte, dans son sommeil, pour plonger dans un autre, éveillé. « Réveiller un rêveur est ce qui le tue. Voir l’article : Les centres médicaux de garde à Paris, comment fonctionnent-ils ?. La formule est du pur Callahan, et le disque en regorge, ce qui élargit encore sa palette musicale, nous emmenant avec maestria du folk intimiste et bucolique au rock presque free, presque jazz (l’emballement excitant de Partition). Toujours plus ouvert, presque pacifique, Bill Callahan chante la réincarnation en regardant son vieux chien dormir, ou l’art de se voir à travers les yeux des autres, toujours plus bienveillants que les siens. Ses idées et ses chansons, leur singularité immuable, nous touchent encore comme peu d’autres peuvent le faire.

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Margo Price, “Strays”

Margo Price est une chanteuse country, mais bien plus que cela, qui a attendu ses 35 ans pour sortir un premier album produit par Jack White en 2016. Lire aussi : Toutes les pharmacies et vétérinaires de garde ce dimanche 11…. Trois albums plus tard, Strays, conçu sous la houlette de l’excellent Jonathan Wilson est un album de une variété riche, à la fois mélodique et sonore, où elle s’offre un beau duo avec Sharon Van Etten (Radio) avant de croiser le fer avec Mike Campbell (Light Me Up). Surtout, elle tient le cap de son folk-rock avec un fort tempérament, pour faire tomber, en fin de parcours, son atout majeur : Lydia, longue et poignante ballade acoustique, soutenue par des cordes somptueuses, qui déroule – on sent l’expérience – le désespoir errant d’une femme abandonnée, aux prises avec les démons de l’alcool, de la drogue et des abus (des hommes, des autorités). Tout cela fait froid dans le dos…

Belle and Sebastian, “Late developers”

L’année dernière, Belle et Sébastien ont livré un album qui témoignait d’une régénération inattendue. L’arrivée, presque immédiatement après, d’un nouveau disque de chansons produites au cours des mêmes séances, a fait craindre une collection de second ordre. Tout aussi inspiré, Late Developers enchante tout autant, puisant dans ce filon redécouvert d’une pop travaillée et travaillée, légère et sophistiquée, avec une fraîcheur d’un autre âge (ceux indé des années 90 qui ont vu le groupe émerger). A l’image du chant alternant entre Murdoch et Sarah Martin, l’album ne ronronne jamais, le groupe, n’oubliant jamais son socle fondateur folk-rock, s’abstient de toute excursion rythmique plus, le tout agrémenté de cuivres et de cordes élégamment ludiques qui font mouche. Pour finir avec l’accrocheur Late Developers à saveur de bossa, évoquant le Ray Davies de la grande époque.

Big Joanie, “Back Home’’

« Notre rêve ? Dominer le monde ! », avait lancé avec humour (et un brin de sérieux) la Big Joanie, lors d’un meeting en 2019. « Ainsi qu’une révolution féministe noire. Les trois Londoniennes, issues de la scène punk et nourries dans l’activisme politique, antiraciste et LGBT, pouvait légitimement espérer peser sur l’histoire : Sistahs, leur premier album, condensé captivant de punk primitif aux mélodies vaguement dissonantes, sorti en 2018 sur le label de Thurston Moore (figure du grunge aux Sonic Youth), leur avait valu l’estime de la critique, et une tournée aux côtés notamment de Bikini Kill, grande prêtresse du punk féministe et du mouvement Riot Grrrl. Ils reviennent avec Back Home, un deuxième album qui a pris son temps. Lire la suite de la critique

Working Men’s Club, “Fear Fear’’

Working Men’s Club a sorti l’un des albums les plus excitants de 2020, ancré dans l’électro industrielle de Sheffield et le postpunk de Manchester. Un mix rétro tonique auquel le talentueux Syd Minsky-Sargeant (18 ans alors) et ses trois acolytes ont insufflé un nouvel élan, taillé pour le dancefloor. Son successeur, Fear Fear, enregistré sous les ordres de Ross Orton (Arctic Monkeys, MIA, Tricky), se pare des mêmes atouts, mais les idées foisonnantes de Minsky-Sargeant, chanteur et maître de tous les métiers, cachent encore plus de tempérament et de subtilité. Nichant son sens de la mélodie dans des souffles bienvenus (19), s’appuyant au besoin sur des guitares funky ou caustiques (Cut), il distille son amour pour les synthétiseurs et les boîtes à rythmes (Widow) dans de charmantes chansons encore sombres, porteuses des angoisses de l’époque. On danse, autant qu’on vibre.

Sorry, “Anywhere But Here”

Coproduits avec Adrian Utley, ex-guitariste de Portishead, ces treize nouveaux titres de Sorry, qui succèdent à un EP plus expérimental, ne sonnent pas si loin des pionniers du trip-hop anglais, dans un mélange de grooves lents (Wilow Tree ) et folk grunge au spleen dévastateur (I Miss the Fool). Trip rock ? La guitare blues envoûtante de Let the Lights On rappelle celle du tube Glory Box, mais Sorry continue d’affirmer une identité singulière, plus édifiante, faite de breaks, de vents contraires et de mélodies douces-amères sur sa ville, l’amour et les gens qui l’entourent. Même si les manières pourraient parfois être plus simples, le talentueux duo formé par Asha Lorenz et Louis O’Bryen sait où il va. Et ne vous excusez pas d’être là. Lisez toute la critique.

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