Le manque de médecins urgentistes a conduit l’ARS et l’hôpital de Noyon à créer une équipe d’urgence sans médecin à bord. Soucieux de la santé des habitants, notamment en milieu rural, des dizaines d’habitants et d’élus ont manifesté ce samedi.
C’est la troisième manifestation en quelques mois pour lutter contre le « SMUR sans médecin », un nouveau dispositif créé en décembre 2022. Désormais, quand les habitants du Noyonnais appellent le SMUR, c’est une équipe paramédicale qui intervient, qui est composée d’infirmières et d’ambulanciers, mais sans médecin.
Une situation qui inquiète les manifestants qui se sont rassemblés ce samedi 14 janvier devant l’hôpital de Noyon. « Si on a une urgence, une naissance, quelqu’un qui fait un infarctus ou quelque chose de plus grave encore, on ne pourra pas répondre à l’urgence, déplore Tarik, un habitant de Noyon. C’est triste, il faut se réveiller , Nous devons faire quelque chose. »
« Enlever un médecin, c’est nous tuer. Une infirmière, bien que très compétente, n’est pas un médecin. »
Dans les cas les plus graves, un médecin peut se déplacer, mais il vient de Compiègne, à 30 kilomètres de Noyon. Trop risqué pour certains élus locaux qui ont besoin d’un médecin de proximité.
« Il faut donner la chance à nos résidents de voir arriver un médecin dans les 20 minutes. Là, c’est 40 minutes, déplore Sébastien Nancel, conseiller départemental (PCF) dans l’Oise. Pour nous, il n’y a pas de discussion possible. adressé à Paris ou dans un ministère, mais ici sur le territoire avec les élus. Et les élus sont convaincus que si le médecin du SMUR de Noyon vient dans les 20 minutes, on peut sauver des gens.
L’hôpital veille à ce que les infirmiers de l’équipe paramédicale, actuellement au nombre de dix mais qui passeront à quinze à terme, soient spécialement formés pour intervenir en cas de convulsions ou d’inconfort. Pas de quoi convaincre Sébastien Nancel.
On ne dénigre pas l’infirmière et l’ambulancier, on sait que ça demande un excellent travail et qu’ils font tout pour sauver les gens. Mais il existe certaines situations où l’infirmière, même avec la formation qu’elle a reçue, ne peut pas intervenir, notamment lors des intubations. Malgré toute sa bonne volonté et son professionnalisme, elle ne pourra pas faire ces gestes.
Sébastien Nancel, conseil départemental (PCF) de l’Oise
L’inquiétude est particulièrement grande pour les communautés rurales environnantes. « Le médecin urgentiste est aujourd’hui situé à Compiègne. S’il y a une intervention en bout de département, au-dessus de Noyon, le temps d’intervenir, la personne qui fait un infarctus, que fait-il ? », s’interroge Jean-Guy Létoffé. , maire (DVG) de Ribécourt-Dreslincourt, petite commune de moins de 4 000 habitants, décède avant l’arrivée du médecin.
Cependant, la direction de l’hôpital évalue que le dispositif est adapté et que le retour d’expérience de ce premier mois est positif. « On tient un tableau de bord, chaque semaine l’équipe rend compte à sa direction, et pour le moment toutes les sorties qui ont été faites, qu’il s’agisse de malaises, de traumatologie ou de problèmes d’allergies graves, sont vraiment conformes au protocole », assure le la réalisatrice Catherine Laughs.
Cette équipe paramédicale d’urgence n’est pas unique en France, il en existe dans l’Oise et dans d’autres départements. Dans un premier temps, elle est censée pallier le manque de médecins urgentistes, mais elle est censée se généraliser sur tout le territoire. « L’équipe des urgences du centre hospitalier de Compiègne-Noyon compte plus de 50 % des postes vacants permanents, rappelle le directeur. La mise en place de cette équipe a permis de maintenir un dispositif d’urgence médicale et aussi de faire fonctionner le service des urgences de Noyon, qui accueillera les plus de 15 000 patients qui passent chaque année (…) C’est la meilleure réponse possible avec les moyens dont nous disposons. »
Peu convaincus par ces explications, les opposants comptent s’adresser directement à la régie régionale de la santé et au ministère de la Santé.