Stratégie – Comment Hyundai tisse sa toile grâce à l’électrification

Written By Sara Rosso

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En cinq ans, le constructeur coréen a doublé sa part de marché en France, profitant de l’électrification croissante de la flotte. Et cela risque de continuer…

Certaines start-up explosent sur la scène internationale et transforment la vie des gens en quelques années. D’autres entreprises tissent patiemment leur toile… Désormais troisième constructeur automobile mondial derrière Toyota et Volkswagen, le groupe coréen Hyundai Motor, qui comprend Hyundai, Kia et la nouvelle marque premium Genesis, appartient plutôt à la seconde catégorie.

Cela ne signifie pas que les résultats progressent lentement. En France, la marque Hyundai a doublé sa part de marché en cinq ans, passant de 1,4 % en 2017 à 3,1 % l’an dernier. En attendant, le constructeur a plié Ford, Audi, Fiat, BMW ou encore Skoda du côté du dossier. Avec 47.106 immatriculations en 2022, c’est la quatrième marque étrangère en France, derrière Toyota, Volkswagen et Mercedes (hors Dacia, pilotée par le groupe Renault).

Derrière cette avancée, il y a logiquement les produits. A commencer par le SUV intermédiaire Tucson, qui se classe désormais 21e des ventes en France sur l’un des rares segments en croissance.

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Elle bénéficie de son offre multi-énergies (hybride léger 48V, hybride classique, PHEV) capable de satisfaire tous les profils de clients. Voir l’article : Analyse approfondie du marché des véhicules alimentés par des panneaux solaires polycristallins avec des tendances en plein essor soutenant la croissance et les prévisions jusqu’en 2029 – Androidfun.com. Sur ce segment, les vieillissants Peugeot 3008 et Volkswagen Tiguan ne proposent – en plus de leurs motorisations traditionnelles – que des plug-ins, destinés principalement aux professionnels défiscalisés.

Hyundai a réussi à séduire les particuliers désireux de rouler avec un hybride traditionnel, même si Toyota est curieusement absent du segment. La marque japonaise arrive (enfin) avec sa Corolla Cross. « 60% des Tucson sont vendus en hybrides », confirme Lionel French-Keogh, président de Hyundai France. Cela rend la marque moins sensible à une éventuelle baisse du PHEV dans les années à venir.

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Deuxième pilier, le Kona. Conçu avant tout pour l’Europe, ce SUV urbain est également proposé dans un format multi-énergies, multipliant les clients potentiels. Pour encore progresser sur notre continent, Hyundai n’a pas tardé à le remplacer. Lire aussi : Comment acheter sa voiture en crypto-monnaie ?. Il y aura moins de six ans entre la sortie de l’ancien et du nouveau. L’hybride sera lancée au deuxième trimestre, l’électrique en septembre.

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« Notre objectif est de commercialiser rapidement autant de Kona que de Tucson » précise le responsable de la marque en France. Et le gros des ventes doit être 100% électrique. C’est d’ailleurs cette version qui sera assemblée en Europe (à l’usine Hyundai de Nošovice, en République tchèque, ouverte fin 2008) pour réduire les délais. La version hybride plus internationale sera importée de Corée du Sud. Contrairement à Kona, Bayon, disponible uniquement en hybridation douce, peine à trouver sa place sur le marché…

En combinant hybrides, hybrides rechargeables et véhicules électriques, près de 63 % des Hyundai vendues en France sont électrifiées. Et c’est sans compter les hybridations lumineuses 48 volts.

Comme ce fut le cas avec l’essor des SUV, la transition vers les hybrides ou les électriques marque souvent le passage des produits laitiers aux particuliers. Mais Hyundai fidélise également davantage. Le taux de rétention de la marque était de 39 % en 2018. Il était de 62 % l’année dernière. La moyenne du marché est de 58 %. « Nous sommes exigeants avec notre réseau », confirme Lionel French-Keogh, évoquant les 201 concessions présentes sur le territoire français. Formation à la vente, service après-vente optimisé, création de bases de données et de points de contact avec les propriétaires Hyundai font partie de son agenda. Mais, logiquement, les revendeurs suivent la hausse des ventes.

Ces dernières années, le groupe coréen a également atteint une taille critique qui lui permet d’investir massivement dans la recherche. La Ioniq 5 (avec sa cousine Kia EV6) est également la première voiture produite en série à populariser le fonctionnement à 800 volts, raccourcissant les temps de charge dans les stations de recharge rapide. Lors d’une visioconférence avec des investisseurs fin janvier, le vice-président de Hyundai, Seo Gang-Hyun, a annoncé un nouveau plan d’investissement de 8 milliards d’euros. A l’époque, le groupe avait également indiqué une revalorisation du dividende… au grand bonheur des retraités coréens. Le National Pension Service (Gukminyeongeumgongdan) est en effet l’un des principaux actionnaires de Hyundai Motors.

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Le groupe mise aussi sur le design : l’audace des récentes Ioniq 5 et Ioniq 6 fait connaître la marque, même si ici les volumes sont plus réduits. « Nous avons eu 3 000 commandes pour l’Ioniq 5 en 2022″, explique Lionel French-Keogh. Dans ce véhicule, je me bats avec mes collègues allemands ou britanniques pour faire venir les véhicules de Corée et les livrer à mes clients. » Délais de livraison supérieurs à 8 mois. Alors ne comptez pas sur une grosse vente à court terme…

Le début d’année 2023 sera marqué par le lancement de la Ioniq 6 sur notre marché (testée la semaine prochaine chez Automobile Propre). N’est-ce pas un peu osé de vouloir vendre une berline de 4,85 m au moment même où les Européens fuient les silhouettes basses ? « Je pense que d’ici 12 à 24 mois, Ioniq 6 volumes dépassera Ioniq 5 », explique Lionel French Keogh. Pourquoi ? « Toute la technique est la même, mais avec son aérodynamisme, cette voiture est capable d’offrir jusqu’à 600 km d’autonomie ». Un chiffre inatteignable pour le « 5 » et qui compte encore psychologiquement pour les professionnels et les particuliers.

De plus, la marque entend réduire sa dépendance aux SUV. Pour l’heure, l’arrivée en France du maxii-aventurier Ioniq 7 n’est pas confirmée. « On sait que les gens nous ont sollicités parce qu’on avait des SUV, précise le responsable, mais pour des raisons d’efficacité et de prix, il va falloir proposer quelque chose de plus dans les années à venir ». A Ulsan, on travaille sur une voiture électrique urbaine (relativement) abordable pour le milieu des années 2020. Pendant ce temps, Ford annonce la mort imminente de sa Fiesta et Renault s’interroge sur le remplacement de la Clio…

Dans le monde, Hyundai prévoit d’augmenter son nombre d’immatriculations de 10 % en 2023 pour atteindre 4,3 millions d’unités.

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