Tunisie / Chirurgie esthétique : Faut bien l’avouer, les jeunes…

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Le recours à la chirurgie et à la médecine esthétique présente de nombreux avantages, comme retarder les effets du vieillissement cutané et corporel, améliorer la silhouette et les rondeurs, donner plus d’éclat au visage… Des miracles peuvent se faire d’un seul coup de bistouri… Cependant , pour les plus jeunes, ces types d’interventions semblent s’orienter vers d’autres objectifs comme prendre soin de son apparence, répondre à certains canons de beauté…

En effet, une proportion non négligeable de jeunes clients, influencés par les nouveaux modèles esthétiques instaurés par la télé-réalité et les réseaux sociaux, sont désormais prêts à tout pour ressembler à leurs idoles, recourant parfois au scalpel au péril de leur santé…

Car depuis quelques années, les jeunes, généralement entre 20 et 25 ans, font plus de chirurgie plastique que les plus de 40 ans. Certaines se lançaient dans une quête sans fin de l’idéal physique, essayant de se conformer au plus près aux standards éphémères de la beauté.

Les médecins ont même donné à ce phénomène le nom de « dysmorphophobie ».

« C’est une déformation de l’image de soi. Ces personnes ne voient les défauts que lorsqu’elles se regardent dans le miroir. Ils sont convaincus qu’ils ont une partie laide de leur visage, sinon tout leur corps. Ils détestent leur reflet dans le miroir, ont une image déformée d’eux-mêmes et une peur injustifiée du rejet en raison de leur propre interprétation de l’apparence. Le regard des autres est très important pour eux, et leur corps devient source et objet d’obsession, explique le Dr Abir Ben Ouaghram, chirurgien plasticien et maxillo-facial de Tunis, dans une interview à Gnetnews.

Effet des « filtres de beauté »

Dans cette tranche d’âge, tous les moyens sont bons pour ressembler à des célébrités. Le phénomène a commencé à se propager après des opérations chirurgicales effectuées par le clan Kardashian, des influenceurs populaires aux émissions de téléréalité. Ce dernier a réussi à créer un idéal esthétique chez les jeunes, calqué sur les filtres des sites de réseaux sociaux.

« Certaines patientes habituées à dessiner leur visage avec des filtres de beauté « Instagram » et « Tiktok » se présentent au cabinet avec des images d’étoiles dans les mains, prétendant avoir un corps volumineux en huit, des lèvres pulpeuses, des pommettes saillantes « Fox Eyes « (yeux bridés), sans oublier les tendeurs de fil pour avoir un visage plus carré… », nous informe le chirurgien plasticien.

Bien qu’il y ait des demandes plus raisonnables, ces interventions très populaires attirent de plus en plus l’attention et semblent impressionner la foule.

C’est le cas d’Alyssa, une anesthésiste de 24 ans accro aux réseaux sociaux, qui vient de s’injecter de l’acide hyaluronique dans la bouche pour ressembler à une Instagrammeuse russe. Cependant, il la considère déjà lourde, mais pas suffisante.

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Elle nous a dit que dès qu’elle a obtenu son contrat à la clinique, elle a économisé de l’argent pour poursuivre son rêve de lèvres plus attrayantes. « Une autre intervention esthétique serait de m’introduire au niveau des joues des fils tenseurs », nous confie-t-il. « J’ai un visage très ovale et je n’aime pas la forme. Je veux une mâchoire plus carrée comme la plupart des plus belles femmes du monde… » demande la jeune fille.

Syrine, gérante d’un restaurant de 26 ans, a subi plusieurs opérations de chirurgie plastique. Trop concentrée sur sa silhouette, elle prend plaisir à changer chaque détail de son visage et de son corps.

« J’ai refait le coffre deux fois. Je n’étais pas content du premier volume, alors j’ai changé les implants pour un effet plus inhabituel. J’ai aussi fait faire des facettes pour obtenir un sourire hollywoodien. Sans oublier les injections que j’ai eues sur mes lèvres et les autres accessoires que j’utilise pour la garder jolie… Comme les extensions de cils, les cheveux et les ongles », révèle Syrine. Pour cette accro à la chirurgie plastique, plus son corps est remodelé, plus elle se sent belle et attirante…

« Chaque fois que je vais au bloc opératoire, je me sens heureuse car je sais qu’à mon réveil, je retrouverai une version plus grande de moi-même… » ajoute Syrine.

Selon le Dr Ben Ouaghram, la plupart des médecins déconseillent les chirurgies en série pour ne pas mettre en danger la santé des patients et toujours préserver l’effet naturel des interventions dont le but ultime est de mettre en valeur, corriger ou réparer des parties du corps.

« Il faut aussi se rappeler que cette population impressionnable ne constitue pas la majorité de la clientèle. La plupart viennent pour des corrections mineures avec des injections pour réduire les rides, réduire le double menton et même réparer les défauts qu’ils trouvent irritants, comme l’atrophie mammaire ou un défaut visible sur le nez. Dans de tels cas, les demandes des patients sont justifiées, non seulement pour leur bien-être physique, mais aussi mental… » – explique le médecin.

Le risque est plus psychologique

Bien qu’il y ait des jeunes filles de 17 à 20 ans qui viennent en consultation accompagnées de leurs parents pour réparer le défaut du nez avec une rhinoplastie ou corriger une atrophie mammaire pour se sentir plus féminines… Il y a aussi des patientes plus âgées qui tombent dans la débauche et l’éternelle insatisfaction , précise le Dr Ben Ouaghram.

Certains commencent par une petite intervention esthétique puis vont trop loin. Leur objectif est de lutter pour une transformation totale. Certains essaient de modifier tous les traits du visage, optant pour des opérations en série. « Dans ce cas, le médecin multiplie les indications et recommande une observation psychologique si des symptômes de dysmorphie corporelle apparaissent » – indique le chirurgien plasticien.

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D’autres patients, par manque d’information, croient aux photos avant/après publiées sur les sites internet. Ils pensent qu’avec un coup de baguette magique et sans faire le moindre effort pour améliorer leur hygiène de vie, ils arriveront à un résultat satisfaisant… Alors qu’en réalité, pour entretenir les effets de l’opération, les personnes visibles sur les photos ou vues sur les réseaux sociaux Faire tous les efforts. Ils ne se limitent pas aux injections et aux interventions chirurgicales.

Sans une alimentation saine, des soins corporels et une activité physique régulière, même les effets de la médecine esthétique seront éphémères. « Vous ne devriez jamais facilement améliorer votre silhouette… », a-t-elle averti.

Obsession du paraître, la maladie du siècle

Selon le Dr Hager Chenini, psychothérapeute, la question de l’apparence est devenue primordiale chez les nouvelles générations. Influencés par les émissions de télévision et les stars montantes des médias sociaux, les normes de beauté ont tellement changé et le regard des autres est devenu impitoyable envers les personnes qui n’adhèrent pas aux nouvelles normes physiques…

«Avoir une taille de guêpe, de longs cheveux raides, un nez pointu et même des formes courbes avec un corps non naturel. Ou être mal jugé par les autres. C’est une nouvelle équation censée faire partie des nouveaux canons de la beauté. De plus, à cause de ces normes imposées, il y a des jeunes qui sont battus ! Être en surpoids ou excessivement mince peut déclencher de nombreux commentaires offensants ou une vague d’insultes sur les réseaux sociaux, surtout si la personne est célèbre… Et les conséquences de cette discrimination basée sur les critères de beauté sont de plus en plus importantes.

Selon le psychothérapeute, à cause de ce mal causé par la dominance des apparences, les personnes mentalement faibles tombent souvent dans une profonde dépression. Ils se sentent stigmatisés et humiliés par leurs pairs. Certains développent des conditions sous-jacentes plus graves, telles que l’anorexie ou la boulimie, qui reflètent un dégoût de leur propre corps et une incapacité à s’accepter et à s’aimer.

« La vigilance est de mise pour ne pas tomber dans le piège de la superficialité, d’autant plus que la plupart du temps nous sommes scotchés aux écrans et enchantés par la magie d’un monde virtuel parfait… » – a conclu le psychothérapeute.