Publié par SudOuest.fr avec l’AFP le 26/07/2022 à 07:44
La nouvelle loi fondamentale controversée introduite par le président Saied donne au chef de l’Etat de larges pouvoirs, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014.
Le président tunisien Kais Saied est venu fêter de lundi à mardi soir, mettant le pays, berceau du printemps arabe, en danger d’une victoire quasi certaine du « oui » à un référendum qui renforce clairement les pouvoirs du chef de l’Etat. du retour à un régime autoritaire.
Le projet de Kais Saied a été approuvé par « entre 92 et 93% » des électeurs, a confirmé plus tôt Hassen Zargouni, directeur de l’Institut électoral Sigma Conseil, sur la base de sondages effectués dans les urnes.
Après l’annonce de cette estimation à la télévision nationale, des centaines de partisans du président ont marché et roulé jusqu’à l’avenue Bourguiba, au cœur de la capitale. Soufflant des klaxons ou agitant le drapeau tunisien, le centre-ville ressemblait à un jour de victoire dans un match de football. « Kais, nous nous sacrifions pour vous », ont crié certains pendant que l’hymne national était chanté. Le président s’est présenté devant une foule enthousiaste.
« Une nouvelle phase »

« La Tunisie est entrée dans une nouvelle phase », a-t-il dit, selon la télévision locale, et assuré qu' »il y avait beaucoup de monde dans les bureaux de vote et le taux serait plus élevé si le scrutin se tenait sur deux jours ». A voir aussi : Croissance du marché des services d’ingénierie automobile, comportement industriel, opportunités commerciales, étapes, examen et prévisions des clés des joueurs 2028 – Androidfun.com.
Les principaux partis d’opposition ayant boycotté le scrutin, le taux de participation a été d’au moins 27,54% des 9,3 millions d’électeurs inscrits, selon l’autorité électorale Isie. En comparaison, la dernière élection législative en 2019 avait attiré 32 % des électeurs. Sans les nommer, le président a promis que « tous ceux qui ont commis des crimes contre le pays seront tenus pour responsables ». Les électeurs étaient majoritairement « les classes moyennes les plus touchées, des adultes qui se sentent floués économiquement, politiquement et socialement », a analysé le directeur de Sigma Conseil.
La Tunisie, confrontée à une crise économique exacerbée par le Covid et la guerre en Ukraine, qui en dépend pour les importations de blé, est profondément polarisée depuis que le président démocratiquement élu y a pris le pouvoir en 2019.
Les deux grands blocs ont voté « oui », a déclaré M. Zargouni, la « partie moderniste du pays », parfois nostalgique du dictateur Ben Ali et le « fan club » d’inconditionnels du dictateur Kais Saied, majoritairement des jeunes de 18 à 25 ans.
Vastes pouvoirs

La nouvelle loi fondamentale controversée introduite par le président Saied donne au chef de l’Etat des pouvoirs étendus, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014.
Le président nomme le chef du gouvernement et les ministres et peut les révoquer quand bon lui semble. Il peut présenter une législation « prioritaire » au Parlement. Une deuxième chambre représentera les régions, en contrepoids à l’actuelle Assemblée des représentants (députés).
L’opposition et de nombreuses ONG ont dénoncé la Constitution « sur mesure » pour Kais Saied, et le danger de la dérive autoritaire d’un président qui n’a de compte à rendre à personne.