C’est un projet diviseur, sur le plateau de Sault, dans la ville de Saint-Trinit (Vaucluse). Le parc de panneaux photovoltaïques a pu voir le jour sur 27 hectares en pleine forêt. Des milliers d’arbres devront être abattus pour installer cette centrale solaire au sol. Une grande partie de la population, 100 sur 120, s’oppose à ce projet de Q-Energy. Ils dénoncent le projet de déforestation, un coup porté à la biodiversité et à l’attractivité touristique de la ville.
Des énergies renouvelables ou des arbres ?
La centrale solaire a pu voir le jour au cœur de la forêt de Saint-Trinit, sur quatre parcelles privatives. Il s’étendrait des deux côtés de la route qui traverse cette forêt. Lire aussi : Le seuil des 2% a été atteint pour le taux de crédit immobilier…. Colette Riquier fait partie des opposants au projet, qu’elle juge « contradictoire ». « Les forêts sont importantes dans la lutte contre le réchauffement climatique. Plantons-nous des arbres en ville et abattons-nous des forêts chez nous ? », demande-t-il.
D’autre part, Vincent Gambrelle est responsable de l’énergie solaire chez Q-Energy. « C’est vrai que c’est intellectuellement difficile à comprendre, explique-t-il. Nous avons besoin d’arbres, ce sont des puits de carbone. Mais l’énergie locale et durable au lieu des arbres est meilleure que l’énergie fossile qui vient d’ailleurs dans le monde. Il évoque également un réseau durable qui vous permet de rester indépendant énergétiquement.
Le terrain sera loué pour 30 ans. Les opposants évoquent un montant de 5 000 euros par hectare et par an, une information non confirmée ni par Q-Energy ni par les propriétaires. L’un d’eux est Didier Andreis. Il veut que son bout de forêt serve à quelque chose. « Ce n’est pas qu’une question d’argent. Cette terre est dans ma famille depuis plusieurs générations. Je veux lui donner un sens. » De son côté, Q Energy ne parle pas d’une forêt « détruite », mais d’une forêt « défrichée ». L’entreprise a l’obligation de compenser, c’est-à-dire de replanter ces arbres, si possible localement.
Si le projet voit le jour, il fournira de l’électricité à 19 000 foyers. Mais avant de détruire la forêt, on pourrait mettre des panneaux sur de nombreux bâtiments, argumente Colette Riquier, comme des gares, des centres commerciaux, des bâtiments communaux, des parkings. « Nous ne sommes pas contre le photovoltaïque, mais nous pourrions commencer par équiper tous les bâtiments municipaux de toutes les communes. Q-Energy répond que des recherches ont déjà été faites. En PACA, les bâtiments disponibles ne rattraperaient pas le grand retard de la France. Selon l’entreprise, seules les grandes centrales comme celle de Saint-Trinit en sont capables.
Un possible conflit d’intérêt d’après les opposants
Séverine Charlon, une autre opposante, à l’origine de la pétition contre le projet Sur le même sujet : Ucar : le déménagement parfait avec UCAR.
, attire l’attention sur le caractère non écologique des panneaux photovoltaïques et les dommages causés par les travaux. Cependant, ce qui l’inquiète le plus, c’est un éventuel conflit d’intérêts. Sur les quatre propriétaires qui loueraient leur terrain à Q-Energy, deux sont en fait des élus de Saint-Trinit : le maire et le conseiller municipal. « Ce projet n’aurait jamais dû voir le jour. Nous sommes à l’opposé du PLU, dans une zone protégée, et vous avez choisi les intervenants. Encore une fois, ce projet n’aurait jamais dû voir le jour. »