« Une joyeuse adaptation au feu » : pourquoi…

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L’a publié

vendredi 29 juillet 2022 à 07.22

Environ 90 % des incendies sont causés par l’homme, et la moitié sont volontaires, selon la chercheuse Julie Palix, qui a analysé le comportement de ces incendiaires et incendiaires.

Que se passe-t-il dans la tête d’un incendiaire lorsqu’il décide d’allumer un feu de forêt ? Quelle est la motivation et le profil des incendiaires, même si une petite partie d’entre eux finissent par être retrouvés ? Dans l’Hérault et l’Ardèche, deux suspects soupçonnés d’avoir déclenché des feux de forêt ces derniers jours ont été interpellés. En 2015, docteure en psychologie Julie Palix, responsable de projets de recherche en psychiatrie à l’Université de Lausanne,

a publié une note intitulée « Incendiaires et incendiaires ». « Selon les données britanniques, 10 à 25% des incendiaires peuvent être attribués à des incendiaires à répétition », écrit le chercheur, et « dans la population générale, la prévalence des incendiaires chez les adultes est estimée à 1%.

FRANCE INTER : Avez-vous établi un profil type des auteurs de ces incendies criminels ?

JULIE PALIX : « Ce sont principalement des jeunes hommes entre 18 et 35 ans, assez bien intégrés, qui ont une famille, un travail, qui ne sont pas totalement démunis et qui se caractérisent généralement par un certain ennui : ce sont des amateurs de sensations fortes.

Dans le système nerveux, le circuit de la récompense est activé. Plus nous l’utilisons, plus nous essaierons de l’utiliser, il en veut toujours plus. On voit bien que l’incendiaire, entre ses premiers gestes et ses derniers méfaits, est une escalade. Puisqu’il n’est pas attrapé, il va essayer d’aller encore plus loin. Il se défie jusqu’à ce qu’il soit pris. Il y a une sorte d’addiction au frisson que procure son action. Pour la médiatisation, le fait que tout le quartier en parle, voire tout le pays.

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Et pourtant très peu de pyromanes sont arrêtés ?

« Moins de 1% des incendiaires sont retrouvés. C’est très, très peu. Les enquêtes ont un taux de réussite très faible. Et pourtant, on estime que 90% des incendies sont causés par la main humaine, et la moitié sont volontaires, délibérés. » « 

Vous montrez aussi que les incendies peuvent inciter certains à agir ?

« Il ne faut pas non plus négliger le phénomène de ‘copieur’. En criminologie, ces criminels sont des copieurs : ils profitent du fait qu’il y a quelqu’un qui foisonne dans la région pour s’impliquer également. Ce ne sont pas des personnes à haut risque pour commencer, mais ils bénéficieront de la médiatisation des faits. Ils sauront maintenir la tension et passer à l’action.

Huit incendies se déclarent en une journée : il est impossible pour un seul incendiaire sans se faire prendre. Par contre, il est probable qu’il y ait un incendiaire à la base. Pendant que la police enquête, d’autres personnes tentent de faire de même dans les environs. Ils sont presque certains de ne pas se faire prendre, car l’enquête s’intéresse au premier incendiaire. Quand il y a un départ de feu, c’est pas étonnant que ça passe à 20, 30, 40 feux de façon folle.