Vins de Margaux, la nouvelle cave écoresponsable du Château Cantenac Brown

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De l’ancien hôtel construit au début des années 2000 par Axa, ancien propriétaire de Cantenac Brown, ne subsistent que les fausses façades du XIXème siècle. Suspendus à des poutres métalliques, ils ressemblent à de fragiles insectes communément appelés « cousins », capables de rester immobiles pendant des heures sur leurs énormes pattes. A Cantenac Brun, en cette période caniculaire qui assèche le Médoc comme toute la France, les structures vides attendent, comme les gracieux Diptères. Tout bouillonne autour. Dans une boucle de la petite route d’Arsac qui serpente entre les plus beaux vignobles de l’appellation, le chantier de la future cave du domaine viticole tourne à plein régime à quelques mètres de l’extraordinaire bâtisse historique du château. Une maison d’inspiration Tudor construite en 1806 par l’écossais John Lewis Brown en clin d’œil au pays d’origine. L’excentricité du bâtiment contribue depuis à l’image unique du troisième grand cru de Margaux.

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Avec ce nouveau chai, Cantenac Brown marquera une fois de plus la propriété architecturalement. Surtout, il l’ancrera dans l’avenir. « Ah enfin ! Enfin ! s’exclame José Sanfins. Directeur de Cantenac Brown depuis 1989, cet homme solide ne cache pas sa joie. Un camion vient de livrer d’impressionnants blocs de pierre de taille d’une carrière charentaise. Dans quelques semaines, l’extraordinaire cave bio commencera à prendre forme. Avec ses murs et ses voûtes en terre crue, selon la technique ancestrale d’Adobe, le bâtiment low-tech s’inspire pour sa structure du palais d’un roi de Perse à Ctésiphon au IVe siècle et d’une construction dans la cité utopique de Auroville en Inde. Pour Cantenac Brown, il alliera inertie thermique et parfaite régulation de la température. Sans climatisation artificielle, sans équipement à renouveler et, avec réservoirs élévateurs en aluminium recyclable. Un bâtiment technique sans déchets avec des matériaux exclusivement biologiques. Un modèle de bonne construction en ces temps de changement climatique. « Une cathédrale! » Souffle avec admiration les propriétaires des grands crus voisins.

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Dans un coin du parc centenaire où planent des espèces rares et un troupeau de moutons, – écossais bien sûr – « on pousse le clignotant assez loin », plaisante José Sanfins, un muret témoin permet de visualiser le processus de construction . Trois couches « sandwich » verticales : mur en terre battue, isolation en liège puis, structure en brique, également en terre battue. Le tout reposant sur un de ces beaux blocs de pierre blonde posés plus tôt, chacun équipé d’une petite gouttière pour que l’eau de pluie s’écoule. « Esthétiquement parlant, lorsque les murs sortiront de terre, cela caractérisera le projet. Nous verrons concrètement ce que signifie un tel bâtiment éco-responsable. J’ai hâte », s’enthousiasme Tristan Le Lous. Lorsque le PDG de la holding de la famille Urgo et nouveau propriétaire de Cantenac Brown, racheté avec son père et ses frères en 2019, se met en quête d’un nom pour construire une cave écologiquement pionnière, il se tourne vers l’architecte et urbaniste Philippe Madec. Engagé depuis 30 ans dans la responsabilité environnementale, Philippe Madec se souvient de la première question posée par Tristan Le Lous : « Qu’est-ce que vous n’avez pas encore réalisé et que vous souhaitez faire ? Des questions généreuses et fondamentales dont le créateur du mouvement « Happy and Creative Frugality » se souvient avec gratitude. Au propriétaire de Cantenac Brown, Philippe Madec a répondu qu’il souhaitait utiliser le moins de ciment Portland possible. « Des matériaux qui ont détruit la planète » assure l’architecte d’origine bretonne comme son parrain. Philippe Madec espère aussi un « acte novateur ». C’est-à-dire, au lieu de « Wow l’architecture ! », réutiliser les bâtiments existants et « inscrire le projet dans le paysage et dans l’histoire ». Tristan Le Lous, ingénieur agronome de formation, est depuis longtemps sensibilisé à l’architecture éco-responsable et suit de près le travail de Philippe Madec. Votre premier contact est crucial.

Moins d’un an plus tard, le chantier démarre « sans concours puisque nous nous sommes mis d’accord, ce qui nous a permis d’avancer rapidement », apprécie Tristan Le Lous, qui envisage d’utiliser le nouveau chai pour les vendanges 2023. A quoi ne pouvait-il pas s’attendre ? La complexité d’un chantier éco-responsable « de cette envergure ». Car si les constructions respectueuses font désormais souvent partie du cahier des charges, c’est du jamais vu pour un sous-sol de cette taille. « La concurrence pour la qualité des vins est telle dans le Médoc qu’il faut augmenter la surface pour avoir le nombre de parcelles nécessaires. La taille de notre vignoble – entre 5 et 6000 m2 – rend les choses compliquées. Je l’avais en tête sans le visualiser concrètement », reconnaît Tristan Le Lous. « On passe d’une trentaine de cuves dans l’ancien chai à 70 dans le nouveau », confirme José Sanfins. Son soutien au projet est incommensurable. La nouvelle cave « destinée à marquer une époque » couronnera ses 35 ans de carrière dédiés à ce domaine viticole d’une soixantaine d’hectares situé sur les meilleurs plateaux de Cantenac et Margaux (65% Cabernet-Sauvignon, 30% Merlot, quelques pourcentages de cabernet franc, petit verdot et malbec).

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Pendant ce temps, Tristan Le Lous est à la hauteur de son rôle. En tant que sponsor précurseur, il a enfilé le costume. Mais aussi accepté les dangers. « En tant que débutant, je pensais qu’au lieu de réutiliser les façades existantes construites par AXA dans l’esprit pastiche du château du XIXe siècle pour éviter d’envoyer les matériaux à la décharge, cela nous coûterait moins cher. En réalité, c’est le contraire. On parle beaucoup d’architecture éco-responsable. Il est encore loin d’avoir une vitrine. Pour un projet de cette taille, tous les processus étaient compliqués. Que ce soit pour trouver des entreprises locales, des zones d’extraction de terres qui ne soient pas grises mais ocres, argileuses mais pas trop. Nous l’avons finalement trouvé à moins de 20 km. Mais aussi pour la charpente bois de Gironde ». Avant de vous enthousiasmer immédiatement, c’est ce qui rend l’expérience originale. C’est une première ! » Non wow ! Non. Puisque le nouveau bâtiment se confond avec l’existant. Mais très excitant quand même.

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