En 2021, les fémicides ont augmenté, selon les chiffres officiels. Qu’est-ce que la « violence domestique » ? Que dit la loi? Quels sont les chiffres ? Quels sont les soutiens et les ressources disponibles pour les victimes, dont 87 % sont des femmes ? Le Journal des femmes fait le point.
Qu’est-ce que la violence conjugale ?
Les violences conjugales désignent les violences physiques (coups et blessures), psychologiques (harcèlement, menaces, insultes) ou sexuelles (viols, attouchements) commises à l’encontre de la femme ou de l’homme, au sein d’un couple marié, pacsé ou concubinage. La violence domestique comprend également la violence économique telle que la privation de ressources financières, maintenant ainsi la victime dans un état de dépendance financière. Ceci pourrez vous intéresser : Alerte canicule : le département des Côtes d’Armor classé en alerte rouge / Actualités / Accueil – Services de l’Etat en Côtes d’Armor. Cette violence, face à la loi, s’applique également aux ex-conjoints, concubins et pacsés.
Une avancée dans la loi
Le 20 octobre 2022, le Sénat a adopté en première lecture un projet de loi visant à créer une aide d’urgence universelle pour les victimes de violences conjugales. Voir l’article : La nuit aux urgences de Philippe Martinez, de la CGT, au CHRU de Brest-Carhaix.
Ce projet de loi, qui est en cours de transmission à l’Assemblée nationale, permettra de mettre en place une aide financière aux victimes de violences conjugales. Il sera accordé aux femmes dans le besoin via un prêt accordé par les caisses d’épargne familiales, versé en trois mensualités.
A Paris, 50 000 personnes ont manifesté contre les violences faites aux femmes en 2021
Des manifestations contre les violences faites aux femmes ont été organisées dans toute la France le 20 novembre 2021. Selon le collectif féministe #NousToutes, une soixantaine de manifestations ont eu lieu, à quelques jours de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Sur le même sujet : La bouffée est-elle dangereuse ?. 25 novembre. A Paris, environ 50 000 participants ont répondu à l’appel en descendant dans la rue ce jour-là, selon les chiffres du collectif. La préfecture de Paris comptait environ 18 000 manifestants.
En 2019, près de 100 000 ont manifesté contre les violences faites aux femmes, selon les chiffres communiqués par les organisateurs de l’époque. En 2020, les événements ont été annulés en raison de la crise sanitaire.
Les chiffres des violences conjugales
En 2020, les chiffres des violences conjugales ont augmenté de 10% selon les données recueillies auprès de la police et de la gendarmerie, révélées le 22 novembre 2021. Au total, en 2020, 159 400 personnes ont été victimes. En comparaison, 142 310 personnes avaient été victimes de violence domestique l’année précédente. 87% d’entre eux sont des femmes. Si les chiffres ci-dessus ne tiennent pas compte des meurtres, 125 personnes ont été tuées par leur partenaire en 2020 contre 173 en 2019. Une baisse importante, mais évidemment insuffisante. Parmi les victimes figuraient 102 femmes en 2020 et 146 en 2019.
Emmanuel Macron s’adresse aux victimes
En 2021, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, Emmanuel Macron a délivré un message vidéo aux victimes. Après avoir rappelé que les violences conjugales « augmentaient » pendant l’incarcération, le chef de l’État a confirmé l’importance de « condamner », notamment en utilisant le numéro 3919, en envoyant un SMS au 114 ou encore à la plateforme de signalement.
Il a également rappelé la possibilité de prévenir les policiers, les gendarmes, les associations, les pharmacies ou les points de notification. « Les entreprises privées, comme Uber, sont prêtes à vous offrir des trajets gratuits », a-t-il ajouté.
Le président de la République s’est adressé à ceux qui « hésitent à porter plainte », pour leur rappeler que les procédures avaient été « simplifiées » et qu’il était désormais possible de porter plainte à l’hôpital, dans certains services.
Plus de féminicides en 2021
Malgré une baisse des féminicides en 2020, les chiffres pour 2021 sont alarmants. Le nombre de féminicides a augmenté de 20 %. Selon une étude nationale sur les violences au sein du couple, publiée en août 2022 par le ministère de l’Intérieur, 122 femmes ont été tuées par un conjoint ou un ex-conjoint, contre 102 femmes décédées de cette manière en 2020.
La baisse des féminicides en 2020 est-elle due au confinement, aux mesures mises en place ou à d’autres paramètres ? Dur à dire. Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, ce petit progrès était, entre autres, la conséquence du confinement, qui avait entraîné une « prise en charge extraordinaire » des victimes, a-t-elle commenté à Ouest France.
Qui sont les victimes et les agresseurs ?
La violence domestique touche tous les milieux sociaux et culturels. Tout le monde peut devenir une victime un jour. Idem du côté de l’agresseur. « C’est un phénomène de société. L’agresseur type est l’individu moyen, celui qui vit dans un quartier résidentiel huppé ou celui qui vit au fin fond d’un quartier difficile. Il peut être adoré par ses amis et reconnu dans son travail. Le phénomène touche absolument tous les horizons ! », commente Dominique Guillien-Isenmann, présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSM).
Violences conjugales : que faire et quels numéros appeler en cas d’urgence ?
Il est également possible de signaler les violences conjugales en ligne via une messagerie instantanée qui permet un dialogue direct avec les personnels de police ou de gendarmerie.
3919 : à quoi sert ce numéro ?
Le 3919 est une ligne téléphonique nationale pour les femmes exposées à la violence et leur entourage. « Ce numéro permet d’écouter et d’informer et, en fonction des demandes, d’orienter de manière appropriée vers les dispositifs locaux d’aide et de soutien. Le 3919 n’est pas un numéro d’appel d’urgence », précise le site arretonslesviolences.gouv.fr.
Lancé en 1992 par la Fédération nationale Solidarités Femmes, le 3919 devient alors le numéro de référence national, soutenu par les pouvoirs publics. « Le 3919 n’est pas un numéro d’urgence, contrairement à ce que nous avons pu lire. Et c’est dangereux de transmettre cette information ! Ce n’est pas un numéro d’urgence, mais un numéro d’écoute. On écoute, on oriente et on conseille », répète Dominique Guillien- Isenmann. « Nos auditeurs reçoivent une formation très pointue au sein de notre association. Ils sont capables d’accompagner les appelants, de leur permettre de comprendre et de mettre des mots sur ce qu’ils vivent. De plus, les auditeurs donnent aux femmes les moyens de mettre en place une démarche avec un association ou les conseiller sur la procédure à suivre si elles décident de porter plainte », poursuit la militante féministe.
Qui peut appeler le 3919 ?
Les femmes victimes de violences sont évidemment incitées à téléphoner pour trouver écoute et aide, y compris leurs proches. Parents, enfants, amis… Tout le monde peut appeler le 3919. « L’auditeur n’entamera pas une longue conversation avec le proche qui appelle le 3919, mais elle lui donnera des ressources pour venir en aide à la victime », précise Dominique Guillien-Isenmann.
Comment porter plainte en cas de violences conjugales ? Et ensuite ?
En cas de violences conjugales, la victime dispose de 6 ans pour porter plainte. Elle peut se rendre au commissariat ou à la gendarmerie. Une plainte ne peut être rejetée.
La victime peut également écrire une lettre directement au procureur de la République près le tribunal du lieu de l’infraction ou du domicile de la personne qui a commis l’infraction. Le courrier peut être envoyé par la poste ou remis directement à l’accueil du tribunal. « Pourtant, on constate que seulement 18% des cas quotidiens donnent lieu à des enquêtes, et 80% des plaintes se terminent sans suite », a déploré jeudi 19 novembre 2020 la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Brigitte Grésy, interrogée. par la délégation des droits des femmes au Sénat.
C’est aussi une bonne idée d’aller à l’hôpital ou de voir un médecin ou une sage-femme qui pourra voir les blessures, les traces d’accidents vasculaires cérébraux et les traumatismes psychologiques. Le rapport du médecin justifiera les déclarations de la victime en cas de plainte.
Il est également important qu’une victime puisse se mettre à l’abri. Dès lors, Brigitte Grésy a demandé à la délégation sénatoriale aux droits des femmes de « créer une véritable culture de protection tout au long de la chaîne », à partir du moment où une femme décide de mettre fin à ces violences. Dans son rapport 2020, la Fondation des femmes dénonçait le manque d’hébergements d’urgence pour les femmes victimes de violences et appelait à l’ouverture de 2 000 places supplémentaires, en plus des 1 000 places promises dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales.
Quelles lois contre les violences conjugales ?
Il existe un certain nombre de lois visant à protéger les victimes de violence domestique et à punir les auteurs. Parmi:
Notre interlocutrice, Dominique Guillien-Isenmann, milite, aux côtés de plusieurs associations, pour « la création d’un tribunal spécialisé pour les violences faites aux femmes dans la sphère conjugale ». L’Espagne a créé un guichet unique réservé à ce type. Ce sont des personnes qui sont formés au domicile. Une violence qui prend en compte toute la situation d’une victime, ce qui n’est pas le cas en France ».
Quels sont les risques et peines encourus par la personne à l’origine des violences ?
Si l’agresseur est reconnu coupable de viol, il risque 20 ans de prison. « Pour les agressions sexuelles autres que le viol, les peines sont de 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende », informe Service-Public.fr.
En cas de meurtre ou de tentative de meurtre, la peine est la réclusion à perpétuité.
Comment protéger/aider les victimes de violences conjugales ?
« Tu peux toujours faire quelque chose. Il ne faut pas fermer les yeux. Si tu te rends compte que le comportement d’un conjoint semble violent, s’il est souvent difficile d’intervenir à ce moment-là, tu peux le signaler plus en tête à tête avec cette femme que je suis convaincu que ce n’est qu’en sensibilisant l’opinion publique que l’on pourra faire avancer ce dossier. Si tout le monde se sent concerné, affirme Dominique Guillien-Isenmann.
L’entourage peut jouer un rôle important dans la sensibilisation de la victime. Pour l’aider, il est important que les proches soient sensibilisés aux mécanismes de la violence conjugale, qu’ils soutiennent la victime et ne la jugent ni ne l’interrogent jamais. Leur témoignage lors des procès peut être décisif.
Associations, sites internet et applis contre les violences conjugales
La Fédération France Victimes a lancé le lundi 23 novembre 2020, sous l’égide du gouvernement, le site Mémo de vie. Objectif : permettre aux victimes de violences, notamment de violences conjugales, de protéger les images, enregistrements, documents ou témoignages des agressions subies en cas de poursuites judiciaires.
L’application App-Elles peut être précieuse pour une femme victime de violence conjugale. Il permet d’avertir les proches et les services d’urgence et propose notamment une base de données pour trouver de l’aide auprès d’associations et de structures d’accompagnement.